Décès Béchir Ben Yahmed fondateur de Jeune Afrique : Aujourd’hui au Faso vous dit Merci

Décès Béchir Ben Yahmed fondateur de Jeune Afrique : Aujourd’hui au Faso vous dit Merci

Dans la trajectoire d’un homme, il rencontre des maîtres d’école, de religion, de pensée, d’intellectuel… Dans la nôtre, en tant que fondateur d’un journal local burkinabè, Aujourd’hui au Faso, nous vous avions croisé en 1997, ensuite, en 2014. Pendant 3 mois en 1997, étudiant à l’IUT de journalisme de Bordeaux, nous avons pu effectuer un stage au 51 Bis rue d’Auteuil à Paris, grâce à l’historien Salfo Albert Balima de vénérable mémoire, qui nous avait recommandé à vous.

Là, nous avons côtoyé les François Soudan, Hamza Kaidi, Elimane Fall, Seno Andriamirado et aperçu des monuments tels que Marcel Péju, Jean-Paul Pigasse… Nous nous souvenons de notre premier entretien dans votre bureau, où vous avez examiné précautionneusement le caractère de notre écriture, sur notre demande de stage, c’est bien des décennies plus tard que nous apprendrons que vous attachez du prix outre à la qualité de l’article, à la graphologie. Lorsqu’on dit Sy Bechir, on dit Jeune Afrique, dont l’ancêtre est L’Action créé en 1960.

A cette rue d’Auteuil, nous avons vu défiler au siège de l’hebdomadaire, de nombreuses personnalités politiques et économiques… : Denis Sassou N’Guesso (président du Congo), Kwassi Klutsé (ex-premier ministre du Togo), Koffi Panou (ex-ministre des Affaires étrangères du Togo), Maouiya Ould Taya (président de Mauritanie) et tant d’autres puissants de ce monde car à Jeune Afrique, de nombreux dirigeants aiment faire le détour.

Surtout, nous avons beaucoup appris le métier avec les conférences de rédaction dans la fameuse «piscine». «Bleu», nous nous étions hasardés un jour à vous accoster après une conférence de rédaction, et votre secrétaire nous avait rappelé à l’ordre… Nous nous rappelons notre petite interview avec le premier ministre français de l’époque, Alain Juppé réalisée à la mairie de Bordeaux que nous avons pu faire passer dans Jeune Afrique !

C’est autant de réminiscences qui nous reviennent avec votre disparition ce 3 mai 2021 qui coïncide avec la Journée internationale de la liberté de la presse, comme pour dire, qu’on ne devient pas journaliste, on naît journaliste. Vous l’êtes et l’avez été jusqu’à votre dernier souffle. Jean-Paul Pigasse (ancien vice-président de Jeune Afrique) vous compare à juste raison à Robert Hersant. La politique vous l’avez tâtée très jeune à 28 ans en devenant secrétaire d’Etat du «combattant suprême» Habib Bourguiba, mais très vite, le journalisme prendra le dessus et ne vous quittera plus jamais.

Vos «ce que je crois» éditoriaux hebdomadaires, vont nous manquer. Votre connaissance océanique, due à votre longévité dans la profession manquera à la jeune génération. Aujourd’hui au Faso vous doit également outre l’école pratique, l’immersion à Jeune Afrique, le quotidien vous doit sa gratitude, et sa reconnaissance (il a eu à vous écrire, il y a 2 ou 3 ans à ce sujet) pour vos conseils et votre bénédiction.

«Pour créer un journal, il faut beaucoup de travail et de la chance, alors, je vous dis bonne chance», paroles de Bechir Ben Yahmed à notre égard à Paris en 2014, alors que nous lancions Aujourd’hui au Faso. Pour ces mots et pour notre stage à Jeune Afrique, nous vous disons Merci. Vous avez été utile à votre société, au monde des médias et même à d’autres milieux.

Vous partez tranquille, car la relève est assurée avec Marwane, Amir, François Soudan, et il y a Mme Danielle Ben Yahmed, qui nous avait adopté  à l’époque. Me revient par exemple notre entretien avec elle, en présence de Ziad Liman (actuel directeur de Afrique Magazine dans son bureau en 1997. Jeune Afrique, c’est une école, il l’est par BBY ! Un hebdomadaire à vrai dire que nous lisions depuis le lycée, sans savoir qu’un jour, nous y serons.

Hampaté Ba dit qu’«un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle». Vous êtes parti à 93 ans, mais la bibliothèque reste, car l’œuvre de votre vie vous survit (Jeune Afrique) en attendant vos mémoires qui seront bientôt publiés. Un Viel journaliste ne meurt jamais pour paraphraser le général Mac Arthur à propos d’un vieux soldat. A vos enfants Marwane, Amir, à Mme Danielle Ben Yahmed, nous présentons nos sincères condoléances. Que Dieu le Miséricordieux vous agrée.

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Zowenmanogo ZOUNGRANA Fondateur du quotidien Aujourd’hui au Faso

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