Décès du cinéaste Idrissa Ouédraogo : Le maestro ne réalisera pas Boukary Koutou

Décès du cinéaste Idrissa Ouédraogo : Le maestro ne réalisera pas Boukary Koutou

«Il faut qu’au cinquantenaire du FESPACO en février 2019, un cinéaste burkinabè décroche l’Etalon de Yennenga», répétait-il volontiers lorsque vous le croisiez et faites un brin de causette avec lui.

Lui, c’est bien sûr Idrissa Ouédraogo, réalisateur burkinabè de plusieurs films de haut vol, avec l’Etalon de Yennenga au FESPACO de 1990 (avec Tilaï, une transposition cinématographique d’une tragédie grecque en Afrique) décédé hier matin à 5h 30 à Ouagadougou. Si le génie d’un artiste se mesure à l’aune de ses réalisations, de son potentiel et de ses projets, alors Idrissa Ouédraogo est de cette race là. C’est un génie du 7e art burkinabè qui disparaît, car  après la fournée des pères fondateurs de la biennale de Ouagadougou, en 1969, tels les Oumarou Ganda (1er Etalon avec Le Wazzou Polygone), Sembène Ousmane, Djibril, Diop Mambety… il fait partie de la seconde génération des cinéastes africains qui ont porté haut le cinéma du continent, lesquels réalisateurs qui ont pour noms Souleymane Cissé, Roger Gnon Balla, Abdourahamane Sissako, Med Hondo… Idrissa Ouédraogo a  dans son palmarès une quarantaine de films, dont ‘’Tilaï’’ grand prix du Jury à Cannes en 1990 ‘’Yam Daabo’’ (Le choix), ‘’Yaaba’’ (Grand-mère), ‘’Kini et Adama’’. Il s’essuyera au théatre en 1990 avec une mise en scène de la tragédie du Roi Christophe d’Aimé Césaire qu’il mettra en scène à la Comédie française à Paris.

De l’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC) de Paris et à la Sorbone à sa première fresque de fiction ‘’ Yam Daabo’’ en 1986,  jusqu’à la présidence du Jury du FESPACO en 2003, Idrissa Ouédraogo aura fait montre des qualités d’un réalisateur hors-pair. Ces dernières années, il avait le scénario d’un long métrage qui lui tenait à cœur et dont souvent il raconte ‘’l’intro’’ : Boukary Koutou : «Des Blancs vont faire irruption dans un village, feront feu, tueront quelques hommes, et il y aura un gros plan sur une vieille femme qui laissera tomber sa calebasse ce sera le début du film», nous confiait-il, il y a quelques temps de cela. Le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, qui a salué la mémoire «d’un réalisateur à l’immense talent» avait offert 1 milliard de F CFA à l’Union des cinéastes du Burkina, pour que le Burkina Faso puisse réaliser au moins 6 films, afin de donner des chances aux réalisateurs nationaux de décrocher la timballe, aux noces d’or du FESPACO.

Le defunt, y comptait pour concrétiser Boukary Koutou, même si aux dernières nouvelles, avec les bisbilles autour de ce pactole, il disait qu’il allait ranger son scénario, s’il n’obtenait pas assez d’argent pour le réaliser dans toute sa plénitude. Il était obnubilé par le cinquantenaire du FESPACO. Pour lui, ce sera l’occasion pour cette fête du cinéma de Ouagadougou, de se trouver un second souffle ou de continuer à mourir à petit feu. Idrissa Ouédraogo, ne pourra donc plus tourner Boukary Koutou, mais peut-être qu’un de ses collègues s’appropriera le scénario pour le réaliser une façon de lui rendre hommage.

A sa femme Sanata Barry et ses enfants nos condoléances. Salut l’artiste ! 

La Rédaction

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