Il y a eu les combattants des soleils des indépendances et il y a eu Amobé Mévégué. Les premiers se sont battus pour une Afrique débarrassée de ses chaines. Le second a consacré sa vie à la revêtir des habits de sa culture et à la faire défiler sur le «T» du monde. La preuve, «Plein Sud» a bercé les oreilles de 45 millions de personnes et leur a fait découvrir ou redécouvrir que la culture africaine était plus que les grossières caricatures formatées dans le subconscient du monde.
Tirant sa révérence à 52 ans, emporté par le paludisme, alors que ce 7 septembre dernier France 24 repassait son émission où il recevait un monument artistique: Sam Mangwana. Cette maladie tueuse silencieuse en Afrique, loin des projecteurs et de l’obèse attention mondiale dont bénéficie le coronavirus, a emporté donc celui qui a préféré laisser le prénom à son histoire le nom «Alain» pour porter celui de «Amobé».
Il laisse un grand vide dans le monde des promoteurs culturels, pour ne pas dire médiatique. Mais surtout, il montre à toutes et tous le chemin à suivre pour placer la culture africaine dans l’espace qui lui appartient dans l’ordonnancement mondial. Quel artiste ne connait pas Amobé ? Tiken Jah, Awadi, Youssou N’Dour, Fally Ipupa, Koffi Olomidé…tous ont d’ailleurs exprimé leurs compassion face à cette disparution brutale.
Avec une subtilité dont lui seul avait le secret, le journaliste, cultivé (évidemment !) a su véhiculer et mettre en orbite l’idée que l’Afrique n’était pas que gravats et tracas, mais aussi un havre où des valeurs et des richesses culturelles ont trouvé un lit pour s’éclore et offrir ce que l’humanité a de mieux et de meilleur. Que l’Africain n’était pas aussi ce tableau étriqué peint par le pinceau du racisme dans nombre d’esprits européens. L’afropessimisme ne se conjuguait pas avec Mévégué.
Entrepreneur, patron de média, animateur, journaliste, producteur, promoteur, les neurones toujours truffés de projets et d’idées, Amobé Mévégué montre la voie à suivre à une jeunesse africaine pleine de capacités et de potentialités.
Assurément, il a vécu utile. Qu’il repose en paix. Adieu l’artiste des artistes !
Ahmed BAMBARA
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