C’est une nouvelle qui a touché tous les amoureux du cyclisme sur le continent africain. Francis Ducreux, le concepteur de plusieurs courses cyclistes sur le continent dont le Tour du Faso, est décédé chez lui le samedi 1er mai à Ouagadougou. Grand passionné de cyclisme, l’homme avait 76 ans.
L’homme que le monde du cyclisme pleure est né le 14 février 1945, à Pont-Audemer (France), soit 7 mois avant la fin de la deuxième guerre mondiale. Ancien cycliste professionnel français de 1968 à 1973, Francis Ducreux s’est reconverti dans l’organisation de compétitions cyclistes sur le continent africain. Il a fait du Tour du Faso ce qu’il est aujourd’hui, la course cycliste la plus populaire sur le continent africain. Ducreux, c’est aussi l’organisateur d’autres compétitions sur le continent. La Boucle du coton au Burkina Faso, le Tour du Togo, le Tour du Bénin, le Tour du Ghana, le Tour du Mali, le Tour de Guinée, le Tour du Niger, le Tour de Madagascar, mais aussi le Tour de Corse en France entre 1971 et 1981.
Francis Ducreux et le Tour du Faso, c’est une longue histoire d’amour. Au début des années 1980, les autorités burkinabè nourrissaient l’ambition d’organiser un grand Tour. Mais l’insuffisance d’infrastructures hôtelières et de routes bitumées constituaient des obstacles. C’est alors que Francis Ducreux, ancien coureur français vivant en Afrique décide de faire le lien entre cette volonté politique burkinabè et sa concrétisation. Passionné de vélo, il organisait tous les ans un «Grand Prix de l’amitié franco-africaine» où il réunissait le temps d’une journée des cyclistes du continent et des coureurs européens. Lorsqu’il s’est engagé sur le projet du Tour, il s’est battu chaque année pour trouver des sponsors afin que l’évènement perdure. Pour la petite histoire, on retiendra que même si la volonté politique a propulsé le Tour du Faso, Francis Ducreux est bel et bien le père-fondateur de l’évènement, sous la bienveillance complicité de celui qui fût son ami et son hôte, Issa Tapsoba le Balkuy Naba. Selon les témoignages, le conte de fée débute en 1986 sous la dénomination de Tour du Burkina. L’essai n’est pas véritablement concluant, surtout avec une arrivée plutôt mal ficelée pour ne pas dire anecdotique, où les coureurs burkinabè se sont loupés.
Néanmoins, l’idée séduit le régime révolutionnaire de Thomas Sankara qui voyait à travers cet événement sportif, un canal à même de véhiculer un visage rassurant auprès de l’opinion extérieure. Son but : inviter la jeunesse africaine à visiter le pays à vélo afin qu’elle s’en retourne avec une meilleure image à diffuser autour d’elle. Une année après la première initiative, le Tour du Burkina deviendra le Tour du Faso. Notons que quelques années plus tôt, le gouvernement Sankara avait organisé la «Route du Sourou», considérée comme l’ancêtre du Tour du Faso. Thomas Sankara souhaitait alors que ses voisins de la sous-région puissent apprécier les grands travaux d’aménagement agricole qu’il avait entrepris sur cette plaine, située au Nord-Ouest du pays.
Dès l’annonce de sa disparition, le président de la Fédération burkinabè de cyclisme (FBC) s’est dépêché au domicile de Francis Ducreux pour assister à l’enlèvement du corps. A ses côtés, d’autres acteurs du monde du cyclisme dont Alassane Ouangrawa, ancien président de la FBC. Sur sa page officielle, le ministre des Sports, Dominique Nana, a exprimé les condoléances du gouvernement et du monde sportif à la famille du disparu. «En cette douloureuse circonstance, j’exprime au nom du gouvernement et celui du monde sportif burkinabè ma vive émotion. Je présente mes condoléances les plus attristées à sa famille biologique, ainsi qu’à la grande famille du cyclisme burkinabè et africain. Un hommage lui sera rendu au prochain Tour du Faso, en reconnaissance de toute sa contribution dans le rayonnement du cyclisme burkinabè», a annoncé Dominique Nana.
De son côté, Amédée Ignace Béréwoudougou a rendu hommage au disparu. «Les mots ne suffisent pas pour exprimer l’immense douleur et la grande tristesse que nous ressentons. Tu vas manquer au Burkina ta patrie d’adoption et l’Afrique toute entière pour laquelle tu étais le Toubabou du cyclisme. Tu as donné ta vie à la petite reine burkinabè. Nous prenons l’engagement de perpétuer ta mémoire et tes œuvres à travers l’épanouissement de cette discipline que tu as tant aimé», a mentionné le président de la Fédération burkinabè de cyclisme sur la page officielle de la fédération.
Pour le Balkuy Naba, «c’est une perte douloureuse. Francis a été un ami, un collaborateur, un frère. A ces débuts au Burkina c’est chez moi qu’il a déposé sa valise. Il a fait près d’une dizaine d’années chez moi. A une époque où peu de personnes y croyaient, lui et moi avions beaucoup travaillé à donner une forme au Tour du Faso. Il laisse un grand vide, difficile à combler. Je retiens de lui un homme infatigable, convaincu de la justesse de ses idées, toujours prêt à tenter l’aventure et à aller jusqu’au bout. C’est également un monsieur au grand cœur, qui aimait le Burkina, son peuple et son sport, notamment le cyclisme. Le Burkina perd vraiment un frère».
Autre hommage, celui de Paul Daumont. «Repose en paix papa Ducreux. Merci pour tout ce que tu as fait pour le cyclisme en Afrique», a écrit le coureur. «Adieu papa», a indiqué Soufiane Coulibaly, animateur du Tour du Faso. «Adieu papa Ducreux, grand serviteur du Tour du Faso», a pour sa part déclaré Jérémie Nion, ancien secrétaire à la communication de la fédération. Le programme des obsèques n’a pas encore été communiqué. La question qui taraude les esprits, c’est de savoir si Francis Ducreux sera inhumé au Burkina Faso, sa terre d’adoption où il a rendu l’âme, ou en France, sa terre natale.
Hamed JUNIOR
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