Décès de Jacques Chirac : De la Corrèze au Zambèze, départ d’un ami du village africain !

Décès de Jacques Chirac : De la Corrèze au Zambèze, départ d’un ami du village africain !

«Il faut bien que les dictateurs africains gagnent les élections, sinon, ils n’en feront plus», «Paul Biya, je me suis toujours demandé comment ce monsieur fait avec son Cameroun», on peut multiplier à l’envi, les anecdotes de Jacques Chirac sur l’Afrique et les Africains, car il fut le plus africain des présidents français. Que peut-on retenir comme bilan des douze années d’exercice du pouvoir de Chirac, (décedé hier à 86 ans)  en matière de politique africaine ? Un «passionné» du continent, pour le fait que l’Afrique est à la fois incontournable pour le rayonnement extérieur de la France, mais aussi pour leurs présidents, surtout ceux qui veulent se faire réélire.

Une constante : l’existence de la «cellule africaine» où ont servi des fidèles, de Jacques Foccart à Michel de Bonnecorse en passant par Dominique de Villepin, Michel Dupuch, Michel Aurillac.

Paternalisme, condescendance et relativisme démocratique ont nimbé également cette relation œdipienne Chirac-Afrique, qui a estimé le «multipartisme comme un luxe pour l’Afrique».

Même s’il savait les laideurs de la France-Afrique dévastatrices, avec les djembés d’argent et autres relations incestueuses. Une France-Afrique dont il était l’incarnation faite homme. En démocratie, l’Afrique devait avoir son rythme propre par rapport aux autres, foi de l’ancien maire de Paris.

Défenseur de cette Afrique, il le fut, considérant qu’il ne faut jamais trahir ce continent, il s’est opposé par exemple à la dévaluation du CFA.

En 1997 année de cohabitation, mais année aussi d’une désafricanisation, avec l’austère Lionel Jospin dû aussi aux principes d’une Europe en construction, avec une décroissance de l’aide au développement, Chirac fit profil bas.

2002 vit le retour du grand Chirac avec son élection à 82,21% à hauteur d’homme et soulagement au pied des baobabs villageois africains et des palais présidentiels du continent.

Pourtant, qu’on ne s’y trompe pas il avait une claire vision de ce que faisaient ses «amis africains», dont il ne prenait plus certains des chefs d’Etat au téléphone et son réquisitoire contre l’impunité en Afrique en février 2003 au sommet France-Afrique-Porte Maillot restera un des temps forts de son règne.

C’est l’époque du Chirac réaliste diraient certains où des présidents infréquentables sont lâchés en rase campagne tels le Malgache Didier Ratsiraka ou le Centrafricain Patassé ou encore, l’Ivoirien Bédié dont il sauva la vie et même le soldat Déby a failli perdre le pouvoir à l’époque. Tout comme Bozizé, encerclé par des rebellions, sera sauvé.

La crise ivoirienne sera la grande déception de Chirac, heureusement qu’il refila le brûlot à son successeur. Au fond, pour les Africains, Chirac fut un homme de gauche, ayant reçu l’onction des urnes de la droite.

Grand visionnaire, il l’était aussi avec son refus de l’équipée guerrière contre l’Irak avec les USA.

Le lien fusionnel avec les chefs d’Etat africains était de notoriété publique, et si «la période coloniale fut une belle page de notre histoire que je ne renie pas», Chirac assuma, le sobriquet de «Gouverneur de l’AOF et de l’AEF» dont on l’affubla à un certain moment, tout comme il ne dédaignait pas être appelle wali du roi Hassan II du Maroc, avec qui il était d’une complicité ahurissante. Même si avec l’Algérie d’à côté où il servit à Souk-el Arba comme lieutenant d’active, la violence de la guerre lui fit voter contre le référendum de De Gaulle sur les Accords d’Evian en 1962.

Chirac-l’Africain a dit Adieu aux Africains le 15 février 2007, sur la croisette, lors de son dernier sommet France-Afrique à Cannes

Au 24e sommet France-Afrique que les bouches fendues au mauvais endroit nomment France-Colonies, où effective un discours d’Adieu prononcé par celui qui mit 30 ans et 3 essais avant d’accéder à l’Elysée.

Finis donc les gueletons de tête de veaux et la bière Corona servis par les amis présidents dans les palais africains, finis les bains de foule à Dakar, à Kin, à Abidjan, où il serrait des mains jusqu’à tuméfaction, évoluant au milieu de postérieures et poitrines généreuses et respirant cette odeur de «nègre». Terminée cette contemplation des statues et masques africains qu’il adorait à la hauteur des Sumotori japonais. Clap de fin pour son sourire charmeur et ses blagues salaces.

Jacques Chirac restera pour les Africains, ce locataire de l’Elysée qui eut des allures de monarque africain. Chirac-l’Africain restera l’ami, le «grand président de par la taille» mais aussi par l’esprit africain. Vérité en-déçà du Zambèze, erreur au-delà de la Corrèze ?

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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