Décès de Kofi Annan, ex-SG de l’ONU : Une vie bien remplie  pour la paix

Décès de Kofi Annan, ex-SG de l’ONU : Une vie bien remplie  pour la paix

C’était de la bonne graine, cet enfant de notable Ashanti, qui vit le jour en avril 1938, à Kumassi au Ghana, l’ex-Côte d’or. Nanti des parchemins du Macalester Collège de Saint Paul dans le Minosota (USA), puis du Massachussets Institute of Technologie  (USA), il passera 40 longues années dans le système des Nations unies, avant de se hisser sur le toit de l’immeuble de verre qui surplombe Turtle Bay à Mananthan.

Dix ans durant, de 1997 à 2007, Kofi Annan fut le premier Africain noir subsaharien à diriger l’ONU avec efficacité, tact et fermeté, sans pour autant se départir de son flegme, symbolisé par un regard doux, qu’on devinait pourtant dirigé vers un monde de paix.

La paix, le Prix Nobel de paix 2001 et premier responsable onusien en avait besoin, lui qui géra des pétaudières sanglantes que furent le Darfour, le Soudan et surtout l’Irak. A l’image d’un lointain devancier Dag Hammarskjöld qui eut «ses guerres» à gérer telles, «la guerre froide», les conflits Israël-Pays arabes, ou récemment, de Ban-Ki Moon, avec principalement la Syrie, Kofi Annan eut la sienne, ou plutôt, subi les conséquences, d’une guerre dont il aura de bout en bout rejeté les justificatifs provoquant l’ire noire des néocons de la galaxie du président Georges W. Bush : l’Irak.

Cinq ans, après l’échec de Saddam Hussein de faire du Koweït la 19e province irakienne, l’ONU lança, le programme pétrole contre nourriture d’un coût de 64 milliards de dollars avec un processus de contrôle de bout en bout pour éviter les dérives. Et si le régime baasiste n’est pas parvenu à pervertir l’opération, aux fins de se procurer des armes, certains dont des proches de Annan seront accusés carrément d’avoir reçu des commissions de l’ordre de 10% issus des contrats conclus avec des firmes américaines et européennes. Parmi les incriminés, Benon Sevan, le patron même de oil for food, proche de Annan, et surtout son propre fils Kodjo Annan. Coût de ce détournement : 4,5 milliards de dollars auxquels il faut ajouter 5 milliards issus de la contrebande du pétrole. Il semble qu’à l’époque Annan signait sans problème, et pourquoi ne le ferait-il pas, du moment que tous les contrats 36 000 contrats au total, sont passés sous le contrôle du fameux comité 661, une instance du Conseil de sécurité de l’ONU. Du reste, plus de 5 000 contrats ont été recalés.

D’où vient alors qu’on ait accusé Kofi Annan de népotisme, et exigé sa démission y compris la presse rouge (Républicaine) qui désigna même à l’époque son plausible remplaçant le Tchèque Vaclav Vavel ? Pourquoi les 55 audits diligentés n’ont rien décelé ? C’est que la guerre contre «l’Axe du mal», Annan ne l’avait jamais sentie, et Washington dont on disait qu’il avait la faveur, l’a lâché à un moment où à tout le moins a voulu le punir pour cette bravade. Quoi, un SG de l’ONU qui rame à contre-courant de la politique américaine, surtout en matière sécuritaire ? Pétrole contre nourriture fut un peu le seul point noir de sa carrière onusienne à cause de Annan Junior, mais peut-on parler de point noir avec lui qui, derrière un point noir sur une  feuille blanche, voit surtout la feuille blanche ?

Ce fut un grand homme, et les bordées d’hommage de Macron à Poutine, en passant par Theresa May, Cyril Ramaphosa, et tous ses anciens collaborateurs, le drapeau onusien en berne, le deuil d’une semaine à partir de ce lundi 20 août, sont la preuve que c’était une personnalité qui a apporté un supplément d’âme à une ONU, accusée à tort ou à raison de bureaucratie, et d’impéritie, face aux graves crises mondiales. Les exécuteurs testamentaires d’Alfred Nobel ne se sont pas trompés en lui attribuant le prix Nobel de la paix en 2001. Pourvu que les quelques graines qu’il a semé inspirent ses successeurs à l’ONU pour le bonheur et la paix de la planète terre.

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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