Décès de Macaire Ouédraogo : Adieu au 1er «ballotteur» d’un président en Afrique (14 mai 1978)

Décès de Macaire Ouédraogo : Adieu au 1er «ballotteur» d’un président en Afrique (14 mai 1978)

Bien avant le discours de la Baule et les conférences nationales souveraines des années 90, qui contraignirent certains timoniers à instaurer le multipartisme, de mauvaise grâce, mais à se maintenir au pouvoir par des élections trompe-l’œil, bien avant le cas Mathieu Kérékou du Bénin, en Afrique de l’Ouest, il y eut un pays, l’ex-Haute-Volta (actuel Burkina-Faso) où advint le 1er ballotage d’un président en fonction qui se présentait à la magistrature suprême. Le nom de ce «balloteur» : Macaire Ouédraogo qui força le général Sangoulé Aboubacar Lamizana à un 2nd et ultime duel lors du 1er tour le 14 mai 1978.

Ce dernier vient d’être rappelé à Dieu ce 12 janvier en ce début de cette 3e décade du XXIe siècle. Retour sur le cas de la manifestation d’une démocratie en Afrique (Burkina-Faso), une 1ère dont l’Histoire a souvent occulté l’existence citant le Sénégal ou le Bénin, en exemple.

Oint par l’UNDD, via Maurice Yaméogo à l’époque, qui lui préféra à son fils biologique Hermann, l’histoire veut que Maurice pensa à un «pantin» qui lui redonnera ses droits et même la pierre philosophale après élection. Macaire Ouédraogo obtint au soir du 14 mai 1978, 254 465 voix contre 425 302 voix pour Lamizana. Surprise générale, ou plutôt double surprise, car si victoire, il devait y avoir, beaucoup pensaient à Joseph Ouédraogo «Jo Ouéder» qui pourtant ne vint qu’en 3e position avec 167 160 voix, celles des «refusards» (Front de Refus), et Joseph Ki-Zerbo avec son UPV, qui glana 162 031 voix. Comment expliquer que le fils de Guillaumme Ouédraogo ex-président du conseil territorial, marqua à la tenue Lamizana de 200 000 voix ?

Est-ce parce que le choix porté sur Lamizana par certains partis dont le RDA, a étonné plus d’un, ou est-ce la peur du syndrome du 8 février 1974 (coup d’Etat) qui explique ce ballotage ? Seul l’envoyé spécial de Radio France International, Jacques Alexandre a fait une lecture claire de la carte électorale du pays et a prévu le second tour.

N’empêche, le dimanche 28 mai 1978, Lamizana est élu avec 43,55% (711 722 voix) contre 35,19% pour Macaire Ouédraogo (552 756 voix). C’était la première fois qu’un président acceptait jouer le jeu de la démocratie jusqu’au bout. Bien sûr le vote régional s’est exprimé, l’argent, les mobylettes CAMICO y ont contribué, ( déjà à l’époque) mais on retiendra que Macaire Ouédraogo, rentrait dans l’Histoire africaine comme le 1er balloteur d’un président de la République.

Il y a quelque années, par 2 fois, l’auteur de ces lignes rencontra, le défunt, toujours en costume cravate, qui faisait sa promenade à pied et eu quelques échanges avec lui. Sur le ballotage ? L’homme souria et on vit son visage se dérider, avant qu’il n’évoque, ce bon «vieux temps» où la politique était synonyme d’actes nobles, chevaleresques…

C’est véritablement un des rares hommes qui connait la vie politique de 1960 à nos jours qui disparait. Le dernier des Mohicans, en quelque sorte, exceptés Son excellence Frédéric Guirma et quelques rares autres bibliothèques vivantes.

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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