2020, année mortifère pour les icônes de la musique africaine ? Sans doute oui dans une certaine mesure, car un mois après la disparition du «Louis Armstrong» africain Manu Dibango, un autre monument s’écroulait le 22 mai dernier à Conakry : Mory Kanté. Du Ray Band en 1971 à Bamako au sein duquel, il eut pour pygmalion musical, Salif kéïta à l’accouchement de Yéké Yéké en 1987, cultissime tube qui est à Mory Kanté, ce que «Soul Makossa» est à
Dibango, l’Afrique et le monde découvrirent le «griot électrique», un genre de cocktail de rythmes de kora, de mélodie mandingue, et aux sons électroniques, un morceau qui sera chanté, en japonais, mandarin, anglais … Le griot de Kissidougou venait de «percer» et rien n’arrêtera, celui qui fut, l’un des premiers, sinon le premier, à jouer de cet instrument (kora) en France et en Europe.
Bercé par une tante douée aux chansonnettes mandingues, rompu aux arcanes rituels des griots de cette contrée, celui qui débuta donc comme simple balafoniste au Ray Band puis de temps en temps comme remplaçant du chanteur Salif Kéïta eut plusieurs succès avant Yéké-Yéké tels Courougnègnè, Douba, Diarabi …
Dans le monde culturel et en particulier dans celui des musiciens, Mory Kanté a su hisser haut la mélodie mandingue, guinéenne et africaine. Une longue carrière, qui le fit entier dans le cercle fermé des musiciens immortels.
L’irremplaçable «griot électrique» à l’éternel accoutrement blanc immaculé avait la voix, le doigté sur les cordes de cette kora, devenu son fétiche, mais aussi ce fil rouge qui le reliait aux mélomanes de la planète. Un artiste comme lui, était une porte ouverte sur l’âme dont le grincement est toujours un évènement. Mory Kanté meurt, «le griot électrique» s’en est allé, mais est-il vraiment parti ? Non son œuvre demeure ! La vague yékéyéquesque le fait entrer dans l’intemporel, l’immortalité. Adieu grand artiste !
Sam Chris
COMMENTAIRES