Décès de Pierre Buyoya au Burundi : «Un faiseur de paix» s’est en allé!

Décès de Pierre Buyoya au Burundi : «Un faiseur de paix» s’est en allé!

Fin de parcours pour un homme qui aura marqué l’histoire de son pays et du continent africain. L’ancien président burundais Pierre Buyoya, au pouvoir de 1987 à 1993 puis de 1996 à 2003, est décédé le vendredi 18 décembre 2020, à Paris à l’âge de 71 ans du Covid-19, alors qu’il avait été hospitalisé dans un hôpital à Bamako, où il avait été placé sous respirateur. Avec cette disparition, c’est une page de l’histoire du Burundi qui vient de se tourner de façon brutale.  Pierre Buyoya, reste à ce jour, celui qui par son action aura œuvré  de tout son être pour l’avènement de la démocratie dans ce pays, en proie à plusieurs années de troubles inter-ethniques.

Tombeur du président Jean-Baptiste Bagaza, lors du coup d’Etat militaire perpétré dans un contexte de grogne, celui qui portait le grade de «major» à l’époque, s’était employé à ouvrir l’espace démocratique à travers un processus électoral qui débouchera à l’élection de Melchior Ndadaye, premier président élu démocratiquement dans ce pays en 1993.

Véritable artisan du vivre-ensemble et du pluralisme politique, Pierre Buyoya a marqué de ses empreintes, son passage à la tête du Burundi par sa capacité à dialoguer et à œuvrer en faveur de la paix.

Resté non loin des arcanes du pouvoir, le «major» prendra de nouveau le pouvoir trois ans plus tard (1996)  par un coup de force, alors que son pays traversait l’une des graves crises de son histoire. Ce retour permettra la signature en 2000 des Accords d’Arusha, qui visaient à mettre un terme à la guerre civile (300 000 morts entre 1993 et 2006). Pour donner l’exemple, il consentira de s’appliquer une des clauses de ces accords qui l’enjoignaient de quitter le pouvoir en 2003. Ces Accords signés sous signés le 28 août 2000 sous l’égide de Nelson Mandela, restent à ce jour, la pierre angulaire de la démocratie burundaise même si par la suite ils ont fait l’objet de plusieurs «profanations». Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’héritage qu’a laissé Pierre Buyoya a été galvaudé par ses successeurs dont le plus «madré» reste Pierre N’Kurunziza emporté quelques mois par le même mal.

Par sa main, Pierre Buyoya dont la renommée lui avait construit une carrière à l’international verra son image ternie et son honneur souillé par ce dernier à travers des accusations d’assassinat contre le président Melchior Ndadaye, tué le 23 octobre 1993. Sa condamnation in absentia à perpétuité en compagnie de dix-huit autres personnes lors du procès d’octobre 2019, avait fini par convaincre l’opinion des intentions réelles du «maître» de Bujumbura qui étaient de barrer la route à tout adversaire politique et taire toute voix discordante.

Ainsi, Pierre Buyoya qui avait de son propre chef démissionné de son poste de Haut représentant de l’Union africaine pour le Sahel  pour se mettre à la disposition de la justice et laver son honneur n’aura pas eu le temps de présenter son mémoire en défense. En homme de conviction et de valeurs, ce départ précipité, sans avoir pu solder ce passif judiciaire pourrait constituer son plus grand regret. Mais que peuvent les hommes face au sort si ce n’est de subir son implacable loi ?

 Davy Richard SEKONE

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