Décès de Soumaïla Cissé au Mali : Quand les Parques coupent le fil d’un destin présidentiel

Décès de Soumaïla Cissé au Mali : Quand les Parques coupent le fil d’un destin présidentiel

Nihil est mortes certius sed nihil incertius hora mortis : «Rien n’est plus certain que la mort et plus incertain que le moment où elle advient» énonçait Pétrarque, le poète érudit Italien. En tournée de remerciement des chefs d’Etat de la sous-région, pour avoir œuvré à le libérer des mains des djihadistes, Soumaïla Cissé savait-il qu’il avait rendez-vous avec celle qui est toujours fidèle au rendez-vous, la grande Faucheuse ?

Savait-il qu’après être sorti indemne des griffes de ses ravisseurs aux mains desquelles il est resté 6 mois, savait-il que 2 mois et demi après, Dieu le rappellerait à Lui ? A-t-il songé à cette ‘’moïra’’ homérienne, cette fatalité qui frappe inexorablement ? En tout cas de Niamey où il était et fut évacué à Paris pour des soins contre la Covid-19, le président de l’URD est décédé ce vendredi 25 décembre, jour de la Nativité.

Par 3 fois, il aura tenté de gravir sans succès la colline de Koulouba, en 2002, 2013 et 2018, avec des intermèdes riches en expériences, notamment comme secrétaire général de la présidence, ministre du Commerce, ministre de l’Economie et des Finances (1993-2000) et surtout président de la Commission de l’UEMOA (2004-2011).

Lorsqu’il descendait l’échelle de coupé de l’avion le 8 octobre dernier, revenant de l’enfer de son rapt, il déclarait qu’il «verrait s’il a encore un rôle politique à jouer au Mali», c’était sans doute par modestie, pour cet homme affable, toute urbanité, qui parle à voix basse, mais d’où affleurent détermination et principes. Personne n’était dupe, l’enfant de Nianfuké avait toujours bien un destin national, au Mali.

Hélas, le sort  en a décidé autrement, et dans cette Afrique-là, un tel évènement malheureux, est mis sur le compte de la fatalité, qu’on soit bardé de diplômes, esprit cartésien ou non car avec l’accélération de l’histoire du Mali, à partir du 18 août 2020, avec le renversement d’IBK, et cette transition civilo-militaire, l’horizon était assez dégagé pour cet éternel poulidor politique malien. Qu’on promène sa loupe ou ses binocles dans le Djoliba, «Soumi» pour les intimes est le seul qui émerge, au milieu des Tiébélé Dramé, Choguel Kokala Maïga et autre Omar Mariko. Oui, même si on prête à la transition notamment aux militaires putschistes qui y sont, de préparer «quelqu’un» pour 2022, à la présidentielle, le fondateur de l’Union pour la République et la démocratie (URD) et icône de l’opposition malienne ces 20 dernières années tenait la corde pour cette échéance.

A 71 ans, c’aurait été sa dernière bataille, où toutes les chances étaient de son côté, auréolé surtout par cet enlèvement en pleine campagne électorale le 25 mai 2020, un rapt dont les contours demeurent flous, du reste comme sa libération avec la Française Sophie Pétronin et 2 autres otages.

Dans ce Nianfuké sur cette terre d’Ali Farka Touré où l’onde de choc est parvenue, on croit aussi au destin, il était écrit quelque part qu’il ne monterait pas sur cette colline du pouvoir. Les Parques, ces déesses maîtresses de la destinée humaine ont décidé de couper le fil de cette existence, qui s’acheminait vers la présidence. Une grande perte pour le Mali et la sous-région.

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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