Décès de Soumeylou Boubeye Maïga (SBM) : Spartacus à Bamako !

Décès de Soumeylou Boubeye Maïga (SBM) : Spartacus à Bamako !

«Ave Transition ! Ceux qui vont mourir te saluent !». On n’est pas à Rome mais bien au Mali. Soumeylou Boubeye Maïga qui a perdu le pouvoir avec son mentor IBK aurait pu dire cela aux autorités maliennes avant de quitter ce monde.

Et parmi le chœur d’hommage et surtout de réprobation et d’indignation, aux charges plus ou moins véhémentes, relative à cette mort, il y a Sako, le porte-parole du Cadre de concertation des partis pour la réussite de la Transition, qui y voit «l’élimination d’un homme de réseaux, qui avait un agenda politique» ; Faki Mahamat, le président de la Commission de l’UA qui évoque «la chronique d’une mort annoncée», ou encore l’Algérien, Ramtane Lamamra qui parle de la «disparition d’un homme d’Etat». Mais sans doute, la diatribe la plus saillante vient du Niger. Gardant toujours les réflexes de l’opposant qu’il fut pendant trois décennies et face à cette mort gratuite et un tantinet méchant de SBM, le président du Niger, Mohamed Bazoum n’a pu s’empêcher dans un tweet d’affirmer que d’abord «la mort en prison de Soumeylou Boubeye Maïga rappelle celle du président Modibo Keïta en 1977… je pensais que tels assassinats relevaient d’une autre ère». Sur RFI, il assène davantage en parlant d’une «programmation de la mort de Boubeye».

Evidemment, les autorités maliennes apprécieront car le vocable «assassinat» n’est pas fortuit et voilà une salve langagière qui ne va pas arranger les relations entre Bazoum et la Transition déjà tendues, sur le coup d’Etat qui a porté Goïta au pouvoir.

Bref, ainsi donc, l’ex-ministre de la défense, ex-ministre des Affaires étrangères, et 5e premier ministre d’IBK, lui aussi mort le 16 janvier 2022 suite à son renversement et au délitement du Mali sous ses yeux, ainsi donc SBM est mort lui aussi de sa maladie, abandonné par ses tombeurs.

Si l’on s’en tient aux affirmations et témoignages, les autorités de la Transition portent une lourde responsabilité dans son décès. Il était de notoriété publique que le natif de Gao, celui qui fut exclu de l’ADEMA en 2007, pour avoir refusé de soutenir ATT, préférant se présenter sous les couleurs du parti qu’il créa, «Convergence 2007», cet ex-présidentiable était donc malade, mais pas grabataire à tel point qu’on redoutait le pire ! Non.

La perte du pouvoir, les ennuis judiciaires, la mort de son fils, tout cela a constitué des épreuves douloureuses, qui «cassent un homme», mais depuis plusieurs mois déjà, sa famille et proches, les présidents Nana-Akufo du Ghana, Macky Sall du Sénégal, et même l’ex-président du Burkina, Roch Kaboré, ont supplié la Transition de laisser «sortir» Boubeye hors du Mali pour aller se soigner. Rien n’y fera, et lorsque le 2 mars dernier, son pronostic vital est engagé, on daigna enfin l’envoyer, question de donner l’illusion d’un humanisme de mauvais aloi, pour recevoir des soins à la clinique Pasteur de Bamako. Il était trop tard. Hier 21 mars 2022 le «Tigre», celui qui ne faisait pas mystère de candidater à la prochaine présidentielle, après la Transition est mort. Etait-il une sérieuse menace politique pour les «Transitaires» ? L’a-t-on laisser mourir pour ses ambitions kouloubalesques ?

Pour beaucoup, la Transition l’a laissé «crever», transformant ainsi le champ politique en une sorte de curée romaine, où seules les Spartacus ont droit de vivre. Mort aux vaincus ! Ave Transition, ceux qui vont mourir te saluent ! La politique est un combat humanisé, même si la Transition craint que Boubeye se révèle un redoutable adversaire à la prochaine échéance, fallait-il le condamner à cette mort certaine à la Maison centrale d’arrêt de Bamako ? Encore qu’ici, aucun Malien dans l’arène n’a crié à «A mort Boubeye ! A mort Boubeye !». C’est une grave tache noire qui colle désormais à la Transition comme un sceau d’infamie avec cette mort «facilitée» par le comportement dilettantiste et condamnable des autorités. C’est tout simplement intolérable et révoltant !

La REDACTION

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