Décès de Winnie Mandela :  La pasionaria de la nation arc-en-ciel entre dans l’Histoire

Décès de Winnie Mandela : La pasionaria de la nation arc-en-ciel entre dans l’Histoire

La comparaison est boiteuse, mais Winnie Mandela est à Nelson, ce que Simone Gbagbo, est à Laurent. Winnie, c’est d’abord, la passionaria anti-apartheid avant d’être l’épouse du thaumaturge sud-africain.

Ce n’est pas en convolant en justes noces avec Mandela, qu’elle s’est imposée dans l’ANC, mais elle fut d’abord une militante radicale jusqu’à la moelle avant son mariage, tout comme la fille de Moussou le fut dans le FPI en Côte d’Ivoire. Du reste, seul l’historien Laurent Gbagbo osa porter publiquement des critiques contre Mandela, de mémoire d’Africain.

Mais le parallèle s’arrête là. Celle minée par la maladie, qui s’est éteinte hier, 2 avril 2018, au milieu des siens, fut une femme exceptionnelle, entière, avec un caractère bien trempé, en ce qui concerne, la lutte contre «le développement séparé». Janus, elle ne l’était point, car ce fut toujours la même face qu’elle présentait !

Sur la lutte contre le régime ségrégationniste, il n’y avait pas de quartier à faire, si fait que le supplice du collier, c’était elle, du nom de cette pratique ou l’on enroule un pneu aspergé d’essence autour des «collabo», les rapts des ‘’traitres’’, c’était encore elle. Des comportements qui finiront par être des causes dirimantes de son mariage avec Mandela en 1996. Pour les historiens et les hagrographes, Winnie Mandela reste cette voix d’Orphée, qui a retenti contre les négriers de l’Afrique du Sud des années 60, 70 et 80.

Rien que d’avoir maintenu actif l’ANC, alors que le numéro 44 664 et certains de ses compagnons cassaient les cailloux sur l’île de Robben Island, suffit pour affirmer qu’elle mérite amplement l’appellation de «mère de la nation». L’histoire retiendra également que celle dont la taille, le visage un peu poupin et les déclarations incendiaires en imposaient tant, y compris dans son propre camp a gardé cheville au corps ses idéaux de jeunesse.

Elle était l’une des rares à oser dénoncer les dérives de l’ANC et les actions tièdes de son mari, Nelson. Enfin, comment ne pas mentionner l’image d’Epinal de ce jour béni du 11 février 1990 à 16h 15 où l’on voit le reclus de Pollsmoor, dans la banlieue du Cap, levé le poing, celui de la liberté retrouvée, aux côtés de ses camarades, et de Winnie Mandela ? La native de la province du Cap oriental sera restée une militante faite femme, puisque ces dernières années, elle donnait ses avis et conseils sur la vie de l’ANC et la récente image la montrant au bras du nouveau patron de l’ANC, Cyril Ramaphosa qu’elle avait soutenu dans son duel contre Jacob Zuma en est la preuve.

C’est une porteuse d’Afrique qui disparaît, car Winnie est de la race des femmes qui ont fait la fierté du berceau de l’humanité telle l’écologiste Kenyane Wangari Mathaï ou sa compatriote Dulcie September, assassinée voici 20 ans à Paris. Depuis son repos éternel sur la colline de Qunu, le totem de la nation arc-en-ciel, n’en est pas moins fière de cette femme, son ex-épouse, son compagnon et à un moment, son éperon. Et dans le panthéon des lutteurs pour l’émancipation des Noirs, nul doute qu’il y aura place pour Winnie !.

Zowenmanogo ZOUNGRANA

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR