Décès d’Hambak, hier à Abidjan : Demain, dernière prière à Séguéla et  un vide politico-social

Décès d’Hambak, hier à Abidjan : Demain, dernière prière à Séguéla et  un vide politico-social

Difficile de ne pas avoir ressenti ce 17 mars, le visage déconfit du président Alassane Ouattara devant le cercueil de son fils et ex-premier ministre, un Ouattara qui attrapait de temps en temps la main de la veuve, l’avocate Yolande Bakayoko/Tanoh, toutes en larmes.

Impossible de ne pas percevoir cette atmosphère lourde d’émotions, de tristesse, de colère sourde, laquelle atmosphère étouffait quasiment le ban et l’arrière ban du Tout-Etat ivoirien, et même de présidents tels que le Ghanéen Nana-Akufo Addo, ou le Burkinabè Roch Kaboré, dont le pays considérait Hambak, comme le plus Burkinabè des Ivoiriens. Et que dire de l’autre acte des artistes dans l’après midi au stade Ebimpé d’Anyama ? mémorable et touchant !

L’hommage national rendu hier au chef du gouvernement ivoirien, décédé en Allemagne le 10 mars dernier, se voulait un moment de célébrer à titre posthume les mérités d’un homme politique, qui était un pivot du pouvoir actuel.

Depuis 30 ans qu’il est sur la brèche aux côtés des hommes politiques ivoiriens, tels Laurent Gbagbo, Djeni Kobena, puis Ouattara, le golden Boy s’est construit une réputation sulfureuse et d’épicurien, mais aussi d’homme sociable, toute urbanité, à l’écoute de l’Ivoirien le plus humble telle qu’une vendeuse de beignets au marché d’Adjamé ou d’un grand directeur général d’une société. A-t-il été victime de cette tambouille feutrée mais mortelle relative à la succession de Ouattara ? Au-delà de cette polémique indécente et mal à propos sur les causes du décès et à qui profite cette mort, et au-delà des calculs politiciens, Hamed Bakayoko manquera à sa famille nucléaire et politique d’abord, puis à toute la Côte d’Ivoire et à un pays comme le Burkina Faso, où il avait de solides amitiés. Car il était utile à sa société.

Il n’était pas le ministre de la réconciliation nationale, ni de la cohésion sociale, mais c’est bien ce rôle qu’il jouait, souvent officiellement, et surtout officieusement. Il était un des rares politiques du RHDP à pouvoir parler à Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Blé Goudé, au président Henri Konan Bédié et on l’écoutait d’une oreille attentive.

Il n’est pas certain que même un KKB, Kouadio Konan Bertin, le titulaire du portefeuille, puisse bénéficier de cette bienveillance, car rien qu’au PDCI, sa famille originelle, il sent le soufre chez certains, à commencer par le sphinx de Daoukro.

C’est un hommage national qui sied à un homme qui part à un moment crucial de la vie de la Côte d’Ivoire pour ne pas dire à une bifurcation dangereuse du pays : la question de la dévolution du pouvoir après Ouattara. Car 3 mois après une présidentielle, boycottée par l’opposition,  pour cause de 3e mandat, un scrutin jonché de cadavres et rempli de rancœurs, que pouvoir et opposition essaient de tempérer, et au moment même où se sont tenues des législatives (dont il est sorti victorieux à Séguéla) et alors que s’amorce une lente et difficile reprise du dialogue, entre ivoiriens voici que lui la passerelle, ce que les anglo-saxons nomment le «go between», voici que l’entremetteur Hambak  s’en va, et laisse ainsi un vide incommensurable.

Qui pour jouer ce rôle ? Pour le moment, il y en a pas car ça ne s’improvise pas, il faut un parcours, un bagout, du flair, de l’argent et des réseaux pour cela. Hamed Bakayoko disposait de tout cet «arsenal».

Demain vendredi 19 mars à Séguéla, là où il a ses racines natales après la prière de 13 heures, le «Djouma» (littéralement vendredi en arabe), après cette prière, qui sera couplée pour la circonstance à celle des morts, la dernière pour Hambak, ce sera l’inhumation dans la plus stricte intimité familiale, l’adieu. Et la réalité de ce vide politique et social que le disparu laisse se fera encore plus cru. Un phénomène que ressent surtout Ouattara, car et il le sait, perdre coup sur coup Gon Coulibaly, le 1er «fils», un homme de dossiers, bucheur compétent et le 2nd «fils» 8 mois après, lui aussi très efficace à sa manière, ce n’est pas rien pour le quasi octogénaire qu’est le chef de l’Etat Ouattara.

Dans le sérail politique, chez les artistes, dans les marchés et certains milieux insoupçonnés, on sentira l’absence de ce géant au propre comme au figuré, et d’ici quelques jours, resurgira la lancinante et douloureuse problématique de la succession de Ouattara, cause réelle ou fantasmée de cette hécatombe premier ministérielle ? !

La REDACTION

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