Décès d’Hissène Habré à Dakar : Désormais face à la justice divine, il laisse ses victimes impécunieuses

Décès d’Hissène Habré à Dakar : Désormais face à la justice divine, il laisse ses victimes impécunieuses

Cette fois-ci, l’ancien chef d’Etat tchadien n’a pas pu se débiner, il devait rencontrer celle qui est toujours fidèle au rendez-vous : la mort. Malgré que sa femme Fatime Raymone se soit battue pour une célérité des soins et en dépit des consignes strictes du président Macky Sall de l’évacuer à l’hôpital principal pour des soins rapides anti-Covid-19, il décédera. Retour sur l’histoire de l’enfant terrible de Faya Largeau : Renversé en 1990 par son com. chef Idriss Deby, Hissène Habré aura réussi à prendre la fuite, et à s’installer dans la capitale sénégalaise où il se l’a coulait douce.

 

Plus de 20 ans durant, Hissène Habré  avait réussi à passer entre les mailles de la justice, grâce à ses réseaux tissés par son épouse sénégalaise, et ses grands investissements. Mais c’était sans compter avec le courage, l’entregent et la pugnacité de l’Association des victimes d’Hissène Habré, au-devant de laquelle, il y avait Clément Abaïfouta et plusieurs autres ONG notamment Human Rights Watch, (HWR) Amnesty International.

Après moult péripéties juridico-politico-financières, celui que d’aucuns nomment le «boucher de N’Djaména» a été condamné le 30 mai 2016 par les Chambres africaines extraordinaires, à la prison à perpétuité, confirmé par une Chambre d’appel. Mené de main de maître par le magistrat burkinabè, le juge Gberdao Gustave Kam (décédé dans la nuit du mercredi 17 au jeudi 18 février 2021 à Paris (France) des suites de maladie), ce procès a fait date car avec les polémiques sur la CPI, c’était la première fois que la justice africaine juge un ancien chef d’Etat africain.

Ces juridictions spéciales avaient reconnu la culpabilité de Habré dans les crimes et tortures commis dans la fameuse «piscine» de la sinistre DDS là où en 2001 HRW avait révélé que 1 208 personnes avaient trouvé la mort exécutées ou en détention et que plus de 1 200 personnes avaient vu leurs droits violés.

Sur cette terre, les bourreaux finissent toujours par retrouver leurs victimes de l’autre côté, et malgré le temps qui est passé, les familles sentent toujours les meurtrissures commises par Hissène Habré. On se rappelle d’ailleurs que lors de son procès, l’homme aura gardé un mutisme étonnant, se contentant de faire un V, à la sortie du palais.

Pire si les 7 396 victimes affectées gardent un goût de fuel de ce procès et de ce verdict, c’est que depuis sa condamnation et le début de sa peine au Cap Manuel, rien n’a été fait pécuniairement.

En effet, 82 milliards de F CFA (soit 150 millions de dollars) devaient être mobilisés par l’Union africaine (UA) dans un Fonds équestre sous forme de Fonds fiduciaire pour indemniser ces victimes. L’UA avait même doté ce Fonds judiciaire de 5 millions de dollars pour son fonctionnement. Hélas jusqu’à ce 24 août 2021, jour où à 79 ans Hissène Habré a quitté le monde des vivants, aucune famille de victime n’a touché le moindre kopeck. Victimes de violences d’un satrape lequel a été condamné, mais non-réparées sur le plan financier.

Pour ces derniers et d’aucuns le disaient, il fallait que lors du procès, l’ex-com. chef devenu Maréchal, président Idriss Deby, y soit associé. Chose impossible à l’époque, et à présent que le Maréchal Deby lui aussi n’est plus, les choses ne seront pas aussi simples. C’est pourquoi d’ailleurs, les familles des victimes poussaient à la roue pour cette indemnisation qu’elles savent corsée à obtenir. Maintenant, la parole est à Me Jacqueline Moudeina, principale avocate des victimes du régime d’Hissène Habré, et à Clément Abaïfouta et Cie. A charge pour eux de mettre la pression sur l’Etat tchadien, dont le jeune président Mahamat a présenté ses condoléances à la famille du défunt, mais aussi, sur la Commission de l’UA, en particulier sur le compatriote Moussa Faki, qui avait annoncé pour février 2020 une conférence, sur la levée de ce fonds pour indemniser les victimes. Promesse restée lettre morte qui en rajoute à la détresse des victimes !

Hissène Habré est mort loin de son pays comme Ahmadou Ahidjo, Mobutu, Pierre Buyoya… et c’est dommage. C’en est fini, en ce qui le concerne pour la justice temporelle, celle des hommes, seule la divine fera foi, mais il laisse les familles des victimes dans le dénuement total, impécunieuses, c’est-à-dire une double meurtrissure que l’UA a le devoir de corriger fissa.

La REDACTION

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