Décès du sultan des Bamouns, Ibrahim Mbombo Njoya : Le Cameroun perd un dépositaire des traditions doublé d’un  politique averti

 Décès du sultan des Bamouns, Ibrahim Mbombo Njoya : Le Cameroun perd un dépositaire des traditions doublé d’un politique averti

Qui a dit que le statut de chef traditionnel et d’homme politique ne faisait pas bon ménage ? L’exemple par le chef suprême des Bamouns, Ibrahim Mbombo Njoya, souverain de cette dynastie ethnique,  vieille de plus de 2 millions d’années depuis le 10 août 1992 et ministre et ambassadeur à plusieurs reprises.

Du père de la Nation, Ahmadou Ahidjo, dont il avait rejoint le parti l’Union nationale du Cameroun (UNC) au Rassemblement démocratique du peuple du Cameroun (RDPC) de Paul Biya, Mbombo Njoya a toujours eu des atomes crochus avec la politique, un parcours fait de hauts et de bas, comparativement à ses 29 ans de règne en fleuve tranquille sur les Bamouns.

Opposé à son cousin Adamou Ndam Njoya, patron de l’Union démocratique du Cameroun (UDC), parti d’opposition, le chef des Bamouns perdra la bataille des Municipales de 1996. Connu pour son franc–parler et réputé pour ne pas faire dans la langue de bois vis-à-vis du régime Biya, ce souverain aura marqué son époque sur le plan des us et coutumes mais aussi pour ses actions dans la vie politique de son pays.

 Sa disparition survient à un moment où le Cameroun est plus que jamais à la croisée des chemins. Entre la guerre déclenchée au Nord par les séparatistes, la lutte contre le terrorisme contre Boko Haram, l’usure du pouvoir qu’incarne l’ancien pensionnaire du petit séminaire Saint-Joseph d’Akono (Centre), le Cameroun a plus que jamais besoin d’hommes de son acabit et de sa carrure.

Il manquera aussi au président Paul Biya dont il fut un des ministres à plusieurs reprises. Mbombo Njoya est donc le prototype même du chef traditionnel qui a su faire la politique sans jamais se départir des valeurs qui entourent la Majesté du pouvoir issu des coutumes. Un exemple qui devrait inspirer tous ceux qui comme lui, ont été investis du pouvoir des ancêtres et tentés de descendre dans l’arène politique. Reste à souhaiter que sa succession qui s’annonce rude avec 9 épouses et une trentaine d’enfants se passe sans heurts, pour pouvoir poursuivre son œuvre d’homme de paix qui a toujours su rassembler les Bamouns . Alassane Ouattara brise l’omerta. A travers un entretien à Jeune Afrique, le président de la Côte d’Ivoire assume tous les actes qu’il a posés depuis les péripéties du 3e mandat jusqu’à ce gentleman agreement qui se dessine entre lui, Gbagbo et Bédié. A brûle-pourpoint, il s’est prononcé sur l’éventualité d’un 4e mandat en 2025, en répétant exactement ce qu’il avait dit à l’orée du 3e mandat : il ne se décidera qu’au moment venu. Une technique de l’évitement qu’affectionne Ouattara.

De quoi donc alimenter ce que charrient Dame-Rumeur, et même dans certains salons feutrés et cosy faisant étant, que malgré ce 3e mandat ensanglanté, avec près de 100 tués, Ouattara serait prêt à étrenner un 4e quinquennat en 2025, autant dire que le doute n’est plus permis qu’il serait atteint du syndrome du pouvoir ad vitam aeternam. Et ce, malgré la pitoyable embardée politique de son ami et frère Alpha Condé en Guinée, qui a été renversé par un coup d’Etat le 5 septembre dernier.

Mais diantre, n’y a-t-il pas de jeunes compétents en Côte d’Ivoire prêts à monter sur le pont ? Et pourtant si, de l’avis de Ouattara lui-même, sa galaxie décisionnelle est nimbée de quinqua et de quadra à l’image du secrétaire général de la présidence, le très compétent Abdourahmane Cissé. Le n°1 ivoirien a oublié de dire que c’est moins le changement générationnel dans le gouvernement, que ce 3e mandat obtenu au forceps que digèrent mal ses compatriotes. Il passe sous silence la mise sous coupe réglée de toute l’opposition pour obtenir cette 3e levée.

Et sur l’optique 2025, l’âge du capitaine peut-il être légiféré, avec un plancher et un plafond à 75 ans ? Ouattara revoie la bataille au parlement, sans pour autant dire le fond de sa pensée, qui a n’a visiblement pas varié : il fera le deuil d’un 4e mandat si les 2 ex comprendre Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié «laissent tomber». On tourne en rond depuis 3 décennies avec les 3 principaux successeurs de Houphouët qui ont pris la Côte d’Ivoire en otage. Chacun croyant toujours être le sauveur du pays, ou voulant sa revanche sur l’autre.

Gbagbo ne va pas créer son nouveau parti pour ne pas aller à la compétition électorale. Le FPI, c’est du passé, il faut qu’il prouve avec le bébé, en se faisant élire ? Bédié, malgré les apparences et la présence des jeunes premiers comme un Billon, pourrait encore vouloir se lancer sabre au clair tel un mousquetaire en 2025, pour la présidentielle !

Mais si Ouattara est prêt à accepter que ses 2 prédécesseurs redescendent dans l’arène, il semble nourrir une rancœur sans fin à l’égard de Guillaume Soro, fautif d’avoir refusé d’adhérer au RHDP, et surtout de l’voir défié. L’ancien président de l’Assemblée nationale devenu un paria politique, semble être la bête noire de Ouattara, même s’il ne le dite pas ouvertement, cela transpire à travers l’interview. Si on s’en tient aux non-dits sublunaires de Ouattara, Soro n’aura plus de tabouret, surtout pas celui de la présidence. On sent un Ouattara qui n’a toujours pas digéré le «lâchage» de Soro. Assurément un gros ressort s’est brisé entre eux.

Si on regarde bien dans l’écurie du RHDP, il y a certes beaucoup de jeunes compétents, mais ayant l’étoffe d’un présidentiable, on en compte peu. Patrick Achi transfuge du PDCI est un bon commis, mais il peut difficilement endosser les habits d’un candidat du RHDP. Et à l’heure où Ouattara est en train de nettoyer la maison RHDP, en mettant sur la touche le truculent Adama Bictogo et en confiant le parti à un triumvirat Bacongo Cissé, Ali Coulibaly, Gilbert Koné Kafana, on se demande sur qui reposent les espoirs du président Ouattara pour 2025. AGC, pour Amadou Gon Coulibaly mort, Hambak également, les Alter ADO n’existent plus. A moins que ce ne soit encore le chef de l’Etat lui-même dans 4 ans ? Alors après Ouattara, Outtara encore ? C’est dire qu’à la lecture de cette interview accordée à Jeune Afrique, on sent une Côte d’Ivoire, à 4 ans de la présidentielle emprunter encore le chemin de l’incertitude, source de tous les dangers. Plaise à Dieu que la sagesse, le discernement et l’amour de la patrie puissent habiter les hommes politiques, à commencer par Ouattara, pour que le pays retrouve cette paix houphouëtiste.

 La rédaction

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