Délibéré du procès Dabo Boukary : Yougbaré 30 ans, Diendéré 20 ans et Bamba 10 ans

Délibéré du procès Dabo Boukary : Yougbaré 30 ans, Diendéré 20 ans et Bamba 10 ans

Après trois jours d’audience, le verdict dans le procès Dabo Boukary est tombé hier tard dans la nuit du mercredi 21 au jeudi 22 septembre 2022 aux environs de 1 heure du matin. A l’issue du délibéré, le Tribunal a condamné le sergent-chef Magloire Yougbaré à 30 ans de prison ferme, plus 5 millions d’amende. Le lieutenant-colonel Mamadou Bamba écope de 10 ans de prison ferme, plus 1 million d’amende. Pour sa part, le général Gilbert Diendéré qui purge déjà deux peines (affaires Sankara et putsch manqué de 2015) est condamné à 20 ans de prison ferme, plus 1 million d’amende. Le tribunal a du même coup, lancé un mandat d’arrêt contre le sergent-chef Magloire Yougbaré. Les accusés ont un délai de 15 jours pour faire appel. A la suite de ce dossier dont le verdict vient d’être rendu, c’est au tour des protagonistes de l’affaire Guiro d’être à la barre ce matin.

 

Ouvert lundi dernier, le procès Dabo Boukary s’est refermé hier mercredi, avec la proclamation du verdict. A l’issue des délibérés, Magloire Yougbaré a été condamné à 30 ans de prison, plus 5 millions d’amende. Le lieutenant-colonel Mamadou Bamba est condamné à 10 ans, plus 1 million d’amende et le général Gilbert Diendéré à 20 ans, plus 1 million d’amende.

Il faut rappeler que dans ses réquisitions, le procureur général a requis contre Magloire Yougbaré, la prison à vie plus une amende de 10 millions de francs CFA. Contre Mamadou Bamba, il a requis une peine de 10 ans fermes plus une amende d’un million de francs CFA. Estimant que l’action publique en ce qui concerne par exemple «le recel de cadavre» tombe sous le coup de la prescription, le procureur a demandé au Tribunal de reconnaître le général Gilbert Diendéré coupable de séquestration aggravée et de le condamner à une peine d’emprisonnement de 7 ans fermes.

Avant les réquisitions du parquet, les avocats des parties civiles ont aussi plaidé. A leur suite, ce sont les avocats de la défense qui se sont prêtés à l’exercice .

Rasmané Béogo, l’une des victimes raconte son calvaire

La journée d’hier, en plus des plaidoiries et le délibéré, a été marquée par le récit de victimes. Le plus émouvant est celui fait par Rasmané Béogo, étudiant en 5e année de médecine au moment des faits. Selon ses dires, il a été arrêté le 19 mai 1990 à son domicile, pour être conduit à la sûreté de l’Etat, où il sera détenu avec Boukary Sebogo, interpellé un peu plus tôt dans la journée. Ce dernier montrait des signes de quelqu’un qui a été battu. «Son pantalon était déchiré, avec une grande plaie au genou, et le dos couvert de blessures», a-t-il indiqué. Et c’est lui qui pansait ses plaies dans cette cellule où ils ont été détenus jusqu’en octobre, avant d’être conduits au Conseil de l’entente. C’est en ce lieu, qu’ils seront détenus jusqu’au jour où l’adjudant-chef Sawadogo, leur donna chacun une tenue militaire. A partir de ce jour, a débuté leur formation militaire, a déclaré la victime. Il explique qu’après des mois de formation, une autorisation de sortie de 48 heures leur a été accordée ; laquelle autorisation a été accompagnée de menaces du général Gilbert Diendéré en ces termes : «si vous ne revenez pas, ce serait de la désertion et vous en subirez les conséquences», affirme Rasmané Béogo, qui rappelle au passage que pendant leur détention au Conseil de l’entente, Diendéré était généreux envers eux, en leur donnant du savon, des pates dentifrices, des brosses à dent.

L’autre rappel fait par la victime est lié à une accusation portée contre Mamadou Bamba. Il confie que le 16 mai, il a été interpelé sur le campus alors qu’il revenait de la librairie par Mamadou Bamba et le sergent-chef Maïga. «Mamadou Bamba m’a pointé du doigt et a dit qu’il fait partie de l’ANEB», a confié Rasmané Béogo, qui affirme qu’il a été conduit pour la première fois à la sûreté de l’Etat où il a été détenu quelques heures avant d’être libéré.

Pour sa défense, Mamadou Bamba a rejeté cette accusation portée contre lui. Le refus de l’accusé de reconnaître sa responsabilité, va faire rebondir la victime qui va lui rappeler qu’à cause de lui, il a perdu deux années d’études et qu’il ne peut jamais oublier ce qui s’est passé. 

Les larmes émouvantes de Me Prosper Farama

A la suite des témoignages, ce sont les conseils des parties civiles qui ont plaidé. La plaidoirie de Me Prosper Farama va marquer cette dernière journée du procès, l’avocat ayant pleuré. Ses larmes ont commencé à couler lorsqu’il a déclaré : «si Dabo Boukary avait eu un an de plus, il aurait aujourd’hui un enfant de 32 ans devant qui, je plaiderai. Malheureusement, il a été victime de gens qui se croyaient supérieurs, qui estimaient avoir le pouvoir de vie et de mort sur leurs concitoyens».

EMD

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR