Démission de Béchir au Soudan : L’armée est partie, vive l’armée !

Démission de Béchir au Soudan : L’armée est partie, vive l’armée !

Les scénarios se suivent et se ressemblent en Afrique. Burkina. 2014. Blaise Compaoré démissionne. L’armée prend le pouvoir. Algérie. Abdelaziz Bouteflika démissionne. L’armée prend le pouvoir. Soudan. Idem. Omar El Béchir a démissionné. Mais pour être plus précis, il est destitué par l’armée. Il est contraint par les forces armées à quitter ses fonctions. 4 mois d’émeutes de la faim doublés d’une  paupérisation depuis la fin de la rente pétrolière, de la naissance du Soudan du Sud ont eu raison du célèbre homme oblong à la canne de Khartoum.

Après 30 ans de pouvoir. 30 ans pendant lesquels les indicateurs de bonne moralité et de bonne gouvernance n’ont pas été au vert. Au contraire. Ils étaient au rouge. Le rouge du sang. Ses opposants en savent quelque chose. Les geôles soudanaises n’arrivent plus à faire la différence entre le voleur et le contradicteur du chef de l’Etat. En effet, cette révolution de palais, n’est pas du goût des Soudanais, car le colonel Ibn Awf, le vice-calife qui a pris la place du calife est comptable de la situation soudannaise. Mais ce n’est pas tout. Au Darfour, des âmes en peine crient justice. La Cour pénale internationale (CPI) a bien essayé de leur porter une réponse. Une consolation. Deux mandats d’arrêt internationaux lancés dans le ciel de l’Afrique. Mais ils y sont restés suspendus. Inefficaces, regardant, impuissants, leur cible se promener sous leur nez dans cette Afrique où les chefs d’Etat, quand il s’agit de se soutenir mutuellement, font des efforts surhumains, mais sont fortement critiquables lorsque viennent les récurrentes heures de défendre les intérêts de leurs peuples. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas un mandat d’arrêt de la CPI qui a arrêté Omar El Béchir ce 11 avril 2019.

C’est le marasme économique, la basique famine qui tenaille des Soudanais et la soif pressante d’une plus grande expression des droits et des libertés qui ont fini par pousser ce peuple hors de ses gonds et à pousser, depuis décembre 2018, le chef d’Etat soudanais vers la porte de sortie. Celle petite et réservée aux couards de l’Histoire.

Mais voilà ! C’est fait. Comme les Algériens, les Soudanais peuvent être fiers d’avoir réussi à faire un changement dans leur pays. Mais comme les Algériens, ils doivent être vite retombés sur leur tête, assez sèchement. Certes, ils ont demandé à l’armée de pousser Omar El Béchir à quitter le pouvoir. Mais lui ont-ils pour autant autorisé à prendre ledit pouvoir et à l’occuper pendant deux années durant ? Ce n’est évidemment pas cela le désir des Soudanais. Massés devant le siège de l’état-major, ils avaient plutôt demandé que l’armée vienne s’asseoir à une table pour discuter d’une transition civilo-militaire et de la confection d’une route vers l’établissement d’un nouvel ordre au Soudan.

Le dénouement du 11 avril 2019 est par conséquent aux antipodes de ces aspirations populaires. Absolument rien ne présage que les choses vont véritablement changer. Le rêve de liberté tant caressé risque de ne pas se réaliser. En  1989, un militaire est monté au pouvoir, avec la bénédiction de l’armée. En 2019, il en est descendu, toujours sous l’injonction de la même armée., qui garde par conséquent la réalité du pouvoir. Alors, l’armée est partie, vive l’armée ! 

Ahmed BAMBARA

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