En Guinée-Conakry, Mamady Youla a présenté sa lettre de démission. Il n’est pas le seul à partir. Son gouvernement le suit. Une nouvelle qui n’est pas très surprenante, car de Ratoma à Matoto, le bruit courait dans les rues de Conakry que ce gouvernement écrivait les dernières lignes de sa gestion du pays, un bruit amplifié par les propos du président Alpha Condé lui-même depuis le 8 mars 2018.
C’est désormais donc chose faite. Mamady Youla a porté sur la table du président sa décision que ce dernier a sans surprise accepté, le priant simplement, lui et les membres de son gouvernement de gérer les affaires courantes, en attendant qu’ils trouvent leurs remplaçants.
Les soliloques peuvent alors disserter sur trois aspects de cette démission. D’abord, le bilan. La mission du Premier ministre Youla, qui revenait à ce poste après y avoir été il y a une dizaine d’années, était claire. Conduire l’exécution du Plan national de développement économique et social (PNDES) 2016-2020, qui consistait particulièrement à assainir les finances publiques et à relancer une économie guinéenne après le passage dévastateur de l’épidémie d’Ebola ainsi que la chute des prix des matières premières qui l’ont frappée de plein fouet en 2014 et 2015.
Cette mission a-t-elle été bien menée ? Il convient d’émettre quelques réserves car, bien vrai qu’Ebola a disparu des radars, l’économie ne s’en est pas totalement remise pour autant. Les Guinéens continuent de râler et les éloges ne pleuvent pas sur le tipi du patriarche Alpha Condé. Il faut noter que ce départ pourrait s’inscrire dans une tentative d’atténuer la hauteur de la grogne sociale et politique qui étreint le pays.
Ensuite, on peut tourner les regards vers le potentiel nouveau Premier ministre. Qui cela pourrait-il être ? Encore un ancien du sérail politique ? Encore un économiste chevronné ? Ou Condé va-t-il miser sur un tacticien politique pour tenter de remettre à flot le navire Guinée ? Les questions peuvent danser en attendant que la fumée blanche sorte du palais présidentiel.
Enfin, l’on se demande si ce changement de chemise et de pantalon changera grand-chose à la donne en Guinée-Conakry ? Ailleurs, cela pourrait réussir. Il suffit de changer de vêtements sur un corps pour qu’il change d’apparence et ait un meilleur impact sur son entourage. Mais il est possible de se demander si dans le pays d’Alpha Condé, ce n’est pas plutôt tout le corps qu’il faudra changer. Car, à l’évidence, les problèmes de la Guinée sont plus liés à sa charpente politique plutôt qu’au revêtement. Mais enfin ! Attendons de voir !
Ahmed BAMBARA
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