Densification des combats entre les généraux Al-Burhan et «Hemedti» au Soudan : Les parrains égypte et Arabie Saoudite, ou l’UA peuvent-ils stopper cette furie meurtrière ?

Densification des combats entre les généraux Al-Burhan et «Hemedti» au Soudan : Les parrains égypte et Arabie Saoudite, ou l’UA peuvent-ils stopper cette furie meurtrière ?

3e jour de combats au Soudan entre les soldats du général Abdel Fatah Al-Burhan et les ex-spadassins reconvertis en Forces de soutien rapide (FSR) du général «Hemedti». Des batailles qui ont gagné en densité et en mortalité, avec la comptabilité macabre qui s’est multipliée par 2 avec 180 tués et 1 800 blessés (selon le chef de la mission de l’ONU au Soudan).

A Nyala au Sud, à Zolingei au Centre, à El Facher au Nord  et surtout au Darfour où les FSR enrôlent jeunes miliciens arabes et violentent les populations, la bêtise humaine se déploie en plein régime au Soudan. Cependant, à l’image de l’épais brouillard de fumée qui enveloppe Khartoum et d’autres villes, la situation des combats sur le terrain est aussi floue, et nul ne sait de quel côté va pencher la balance des rapports de force.

180 civils tués, bilan susceptible d’évoluer, des tirs qui continuent à trouer le jour comme la nuit, et le vrombissement des avions de chasse, tel est désormais la vie des Soudanais depuis ce 15 avril 2023. Une violence rare depuis l’histoire de l’indépendence du Soudan en 1956, confie Khodood Khair, fondateur d’un centre de recherche à Khartoum.

Vu le fossé qui sépare les 2 généraux, car quand 2 amis se fâchent entre eux, la réconciliation est souvent difficile et au regard des lignes franchies, il est évident que vraisemblablement, ce sont les armes qui vont départager les deux illustres duellistes. Mais ne faut-il pas faire confiance aux parrains  de ces 2 généraux et l’UA, même si pour le moment, leurs appels et médiation semblent vains ?

La ligue arabe a organisé, combats tenants et toute affaire cessante, une réunion d’urgence, l’UA est en conciliabule avec les voisins et les pays arabes.

«Tous les efforts sont nécessaires au niveau des frères arabes» sur le règlement du conflit au Soudan, a affirmé en substance le représentant du pays à la Ligue Arabe, Alsalik Omar Abdullah. Comprendre que cette Ligue Arabe entend laver le linge sale en famille, sans le concours d’intercession extérieure. Voire, car ignore-t-il que si le général «Hemedti» a reçu beaucoup d’armes jadis sur le théâtre yéménite, il le doit à l’Arabie Saoudite ? La Ligue Arabe sait aussi que le patron des FSR a gagné ses galons à la tête des ex-miliciens djawdjawids et tout naturellement, lorsque El-Béchir a créé ces paramilitaires, il a fait appel à lui pour les diriger.

Moussa Faki Mahamat, qui devait atterrir à Khartoum, aux allures de ville assiégée pour jouer le Monsieur Bons offices n’a pu le faire à l’heure où ces lignes étaient tracées, il a néanmoins échangé avec le Qatar. L’Egypte, mentor d’Al-Burhan, a échangé avec l’Arabie Saoudite (qui parraine, elle «Hemedti») mais aussi avec le Soudan du Sud et Djibouti.

Alors si les éléments déclencheurs de cette furie meurtrière au Soudan vont du désaccord sur la réforme du secteur de la sécurité (intégration dans 2 ans ou 10 ans des FSR dans l’armée), aux modalités de transfert du pouvoir aux civils, lesquelles modalités devaient être signées avant le Ramadan, si ces motifs de fâcherie peuvent expliquer ces combats au Soudan, il y a également la donne géopolitique, pour ne pas dire que ce Soudan a toujours fait l’objet d’une cour assidue, en géostratégie.

L’Arabie Saoudite et ses alliés jouant plus ou moins la carte «Hemedti», peuvent-ils influer sur la fin des belligérances ? Contraindre le chef des FSR par exemple à déposer les armes, et à être exfiltré pour un temps ? Que deviendront alors les FSR sans leur chef emblématique ? Sans compter la kyrielle d’autres groupes armés, telle par exemple la Force centrale de réserve de police qui fait aussi des vagues. De l’autre côté, l’Egypte se résoudra-t-il à laisser tomber son filleul Al-Burhan, ou le soutiendra en sous-main jusqu’au bout ?

En dernier ressort, vu la donne géopolitique actuelle, avec le rapprochement Arabie Saoudite (sunnite) et l’Iran (Chiite), vu la guerre en Ukraine, et de façon générale, les dominos softpower en Indopacifique et au Sahel, Ligue arabe, Egypte et autres, aucun n’a intérêt à une déflagration de cette région. Car au-delà de cette conviction des 2 généraux que le pouvoir est au bout du fusil, c’est la tâche d’huile dans la sous-région que redoutent tous ces parrains, et pas seulement eux ! Pourront-ils éteindre l’incendie soudanais ? Par la directive ou de façon négociée ? Aucun analyste ne peut faire cet oracle !

La REDACTION

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