Les candidats en lice pour la présidentielle du 18 octobre prochain continuent de sillonner les différentes régions de la Guinée. A soixante-douze heures du scrutin, le président sortant, Alpha Condé a mis le cap sur la région de Haute Guinée considérée comme le principal bastion de son parti, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) où il a été accueilli par une foule en transe. Face à cette foule « acquise à sa cause », le président Condé décoche ses flèches. Il qualifie les manifestations de la veille, contre les délestages et pénuries d’électricité de manipulation pour des intérêts personnels et appelle à l’unité des Guinéens.
Pendant ce temps, son rival et principal concurrent avait posé ses pénates dans la région de Kindia, ville située à 135 km de la capitale Conakry. Face à ses militants, l’opposant a une fois dépeint la gouvernance du Pr Condé en noir. Pour lui, le salut pour ses milliers de compatriotes qui aspirent au changement réel viendra des urnes. Il dit être convaincu que le président-sortant sera vaincu au sortir de ce scrutin, si tout se passait conformément aux principes de la démocratie. Très critique du régime de Conakry, l’ancien premier ministre a au passage, dénoncé la dernière décision de la CENI, de ne pas autoriser l’accès des procès-verbaux de dépouillement aux représentants des partis politiques dans les bureaux de vote. Pour lui, cette mesure constitue une atteinte à la sincérité du scrutin du 18 octobre prochain.
« C’est une décision extrêmement grave qui viole le code électoral et privera les candidats d’une pièce à conviction permettant de prouver le cas échéant toute fraude, notamment par falsification ou substitution de PV. Si cette décision est appliquée, elle ôtera toute transparence et toute crédibilité au scrutin », a regretté le président de l’UFDG.
Ces déclarations du Chef de file de l’opposition, dénote de l’atmosphère crisogène qui plane sur cette présidentielle qui ne tranchera pas d’avec les précédentes. Si rien n’est fait, la Guinée sera dans quelques jours, le théâtre de vives contestations, de manifestations violentes et d’images dramatiques, avec comme à l’accoutumée son lot de victimes à dénombrer. Si jusque-là, le pire a été évité malgré la tension persistante, les choses pourraient se dégrader à l’approche de l’élection ou le jour J. Tout indique, que les résultats qui seront rendus dans les heures qui suivront le scrutin ne seront pas acceptés de tous. Ces risques de contestation, porte ouverte à des troubles, sont de plus en plus prégnants que l’on a envie de croire qu’une guigne implacable dicte sa loi dans ce pays depuis plusieurs décennies.
Les discours servis lors de cette campagne de part et d’autre sont révélateurs du climat de la haine qui prédomine sur les idéaux, les convictions politiques, les valeurs de liberté et de justice dans ce pays abonné aux crises politiques. Pour faire l’économie de ces crises et dans un esprit préventif, l’Organisation des Nations Unies a saisi l’occasion de ce « marketing politique », pour inviter les différents candidats à bannir les « discours de haine à relent ethnique » en Guinée pendant la campagne pour l’élection présidentielle prévue le 18 octobre prochain.
« Les responsables politiques, en particulier les candidats à la prochaine élection présidentielle en Guinée, devraient s’abstenir d’invoquer des affiliations ethniques et d’utiliser un langage provocateur, lesquels pourraient conduire à de la violence, à de la discrimination et à d’autres violations des droits de l’homme », avaient déclaré Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, et Pramila Patten, Conseillère spéciale par intérim pour la prévention du génocide et Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit.
Richard Davy SEKONE
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