Des dizaines de tués dans la Komondjari  à l’Est du Burkina : La conscription des VDP au coeur  de la lutte terroriste

Des dizaines de tués dans la Komondjari  à l’Est du Burkina : La conscription des VDP au coeur  de la lutte terroriste

Même si on en fait pas cas, nombreux sont les Burkinabè qui ont vu ces jours-ci les vidéos de djihadistes ou terroristes faire des haltes dans certains villages, palabrer avec les habitants pour leur dire de ne pas tenir les armes, de rester coi, car «lorsque deux personnes se croisent et chacun tient une arme, c’est sûr qu’elles vont se tirer», martelait l’un des enturbannés à ces vis-à-vis. Puis, après ces échanges, les fusils et les munitions bien en vue, ils se remorquaient à 2 et disparaissent sous les yeux de populations aussi apeurées que désemparées.

On semble être de plain-pied dans la guerre du prosélytisme, c’est-à-dire du recrutement, avec au cœur les VDP, ces supplétifs des Forces de défense et de sécurité (FDS) que l’Etat a décidé de faire venir à la rescousse.

Vraisemblablement, cela semble être le cas à Kodyel dans la Komondjari où au petit matin du lundi 3 mai dernier alors que le muezzin invitait les populations à la prière du «Fadjiri», des tueurs avaient encerclé le village et ce fut le carnage sélectif. Un village de Kodyel toujours Groggy, sonné et vidé de ses habitants qui ont fui et où justement des nouveaux jeunes VDP venaient d’y être recrutés.

En dépit de la vaillance de ces VDP, venus au secours des pauvres habitants, on déplore une dizaine de tués, et une quinzaine chez les assaillants.

Terrible et mortelle loi des séries dans cet Est du Burkina, qui pourtant avait connu une relative accalmie. Il est vrai qu’après l’opération Otapuanu, les escarmouches avaient décliné pour reprendre, le service après-vente n’ayant pas été assuré à l’époque, mais depuis quelques mois, les attaques s’étaient tassées à l’Est. Avec ce lourd bilan qui rejoint celui de l’époque contre les travailleurs de mine de Boungou qui avait laissé 38 victimes sur le sol, les attaques ont bien repris.

Tentative de communication par le fusil ? Ou les terroristes sentent-ils qu’avec les VDP de plus en plus leurs actions à eux pourraient être circonscrites, voire très réduites, puisque l’attaque de Kodyel est consécutive au recrutement de jeunes VDP de la localité ?

Les pauvres âmes rescapées de Kodyel ne croient guère à la thèse de djihadistes, le jour et contrebandiers la nuit, car vu leur nombre, près de 300 selon des témoins, et le mode opératoire qui ressemble aux attaques d’autres localités, il ne peut  s’agir que de terroriste. Enfin, c’est une estocade chirurgicale car à Kodyel, les assaillants ne s’en sont pas pris aux hommes, fait rarissime, car d’habitude, ce sont les principaux visés. A Kodyel, ce sont surtout les VDP qui ont été attaqués.

Il faut donc soupçonner une mortelle bagarre autour de ces nouveaux conscrits en mode VDP. Depuis leur entrée dans cette guerre en janvier 2020, certes, ils font partie désormais des cibles des terroristes, au même titre que les militaires, mais vu ces échanges verbaux, ces derniers temps à Thiou Sollé, Banh et Bégindiguigué ( région du Nord)  et dans d’autres localités entre ces hommes, lourdement armés et les populations, lesquels propos sont orientés vers une sorte d’armistice, ou plutôt une paix arrangée du genre «vous restez tranquille, et on ne vous attaques pas», alors que les VDP ont pour mission justement de défendre et d’attaquer, vu ce changement tactique communicationnel, on peut subodorer que les terroristes voudraient contraindre l’Etat à abandonner cette politique de conscription in situ. Car ces VDP recrutés dans les villages et hamons connaissent aussi bien le terrain, pour ne pas dire qu’ils connaissent certains terroristes, alors ils deviennent de redoutables adversaires pour ces derniers.

Avec encore cette tragédie à l’Est, et compte tenu du changement d’approche des assaillants, on ne peut que se tourner vers l’Etat burkinabè, pour qu’il donne plus de moyens aux VDP, qu’ils soient mieux formés et que les populations collaborent. Car ceux qui veulent être les maîtres de l’Est, sont rompus aux différents techniques de guerre, comme de la com. A l’Etat burkinabè de s’adapter.

La REDACTION

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