Désengagement de l’Armée française au Niger : Un gros défi logistique et organisationnel

Désengagement de l’Armée française au Niger : Un gros défi logistique et organisationnel

Après plus de deux mois d’intense bras de fer et de tensions permanentes avec le nouveau pouvoir issu du coup d’Etat qui a eu raison du président Mohamed Bazoum (toujours détenu), la France va débuter son retrait opérationnel du Niger. C’est par un communiqué de moins de dix lignes que le ministère des Armées a annoncé le jeudi 5 octobre 2023, démarrer formellement la préparation du retrait des quelques 1 500 soldats français immobilisés au Niger depuis le coup d’État qui a renversé, le 26 juillet, le président Mohamed Bazoum. Ce désengagement doit démarrer «cette semaine afin de permettre le retrait de l’ensemble des militaires d’ici la fin de l’année», précise le communiqué. Cette annonce intervient un peu moins de deux semaines après que le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, a fini par accepter le 24 septembre, le départ des soldats français, réclamé avec véhémence par les putschistes nigériens, depuis le début du mois d’août.

Dans ce qui s’apparentait à une prison à ciel ouvert pour les militaires français, privés progressivement d’eau, de nourriture, de carburant, d’électricité doublé d’une limitation de leur capacité de mouvements, cette décision sonne comme un soulagement pour les troupes françaises et une victoire pour le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Si jusque-là, aucune précision n’a été apportée sur le mode opératoire de ce retrait, il faut reconnaître qu’il s’agit à coup sûr d’un défi logistique et organisationnel qui se dresse devant Paris. Dans cet environnement devenu soudainement hostile, faire partir 1 500 soldats, des véhicules de patrouille, chars, des avions Mirage 2000, divers matériels militaires et des drones …, d’ici fin 2023 est une mission titanesque et fastidieuse.  C’est connu, une telle opération de désengagement ne peut se faire qu’en parfaite intelligence avec les autorités du pays d’accueil. Est-ce pour cette raison évidente que la France insiste sur la nécessaire collaboration des autorités militaires nigériennes ?

Dans son communiqué, le ministère des Armées l’avoue à demi-mots. En insistant sur le «caractère essentiel d’une bonne coordination avec les armées nigériennes pour réussir cette manœuvre», Paris reconnaît la lourdeur de la tâche qui l’attend. Gageons donc que le premier acte de ce désengagement qui porte sur le départ de 400 hommes déployés dans la région de Ouallam dans l’Ouest du Niger (Zone des trois frontières) par vol sur Paris se passera sans accrocs et servira de tremplin pour la suite des actions de démobilisation. C’est en cela que le démantèlement de la base aérienne de Niamey qui abrite la majorité des effectifs français (environ 1 000 hommes) pourra s’effectuer.

Davy Richard SEKONE

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