Désolidarisation de l’UDPS en RDC : Un boulevard pour Shadary

Désolidarisation de l’UDPS en RDC : Un boulevard pour Shadary

Le mal qui ronge les partis politiques d’opposition en Afrique n’a donc pas épargné l’opposition congolaise. C’est une maladie infantile dont l’impossible rémission fragilise toutes les oppositions africaine, et le Rassemblement de RDC n’échappe à cette pathologie. Alors qu’on s’attendait à ce qu’elle parle de la même voix contre leur adversaire commun, Joseph Kabila, matérialisé par son dauphin, Ramazani Shadary, la voilà atteinte d’une quasi implosion certaine.

L’UDPS, le parti de Félix Tshisekedi, a décidé en effet d’aller aux élections présidentielle, législatives et provinciales prévues à  la fin de l’année 2018. Et cela, que les machines à voter dont les opposants revendiquaient jusque-là le retrait, soient maintenues ou pas. L’argument de l’UDPS est simple. Si l’opposition s’arc-boutait sur ce retrait, menaçant de boycotter, voire empêcher la tenue du scrutin, cela ferait plutôt l’affaire de Joseph Kabila, qui pourrait alors avoir une raison légitime de reporter l’élection. Et celle-ci pourrait remise aux calendes grecques. Argument qui vaut ce qu’il vaut, car en effet la politique de la chaise vide a toujours été inopérante, et reporter les élections, c’est offrir un second glissement à Kabila. Alors quant il faut y aller, il faut y aller.

Mais argument spécieux s’il en est, car rien ne coûtait à Félix Tshisekedi de concerter l’opposition avant une telle décision lourde de conséquences.

Le parti d’opposition a donc pris le parti d’aller au scruter, de mettre Kabila «face à ses responsabilités» et d’ouvrir de grands yeux pour surveiller les moindres cliquetis des circuits de la machine à voter. Cet argument peut avoir des aspérités. Il est en effet évident que si l’opposition reste sur sa position, il est possible que le scrutin soit mis à mal. Kabila, ayant assez de problèmes sur le plan international, ne voudrait pas s’embarrasser d’une élection qui verrait la victoire de son dauphin sans l’opposition. Un triomphe sans gloire dont il n’a absolument pas besoin. Du reste, reporter le scrutin sur cette explication-là lui sera davantage plus facile que cela ne l’embêtera en aucune façon de grignoter encore quelques mois de plus au palais présidentiel. En tous les cas, il est sort pratiquement gagnant sur toute la ligne et l’opposition n’aura encore que ces yeux pour pleurer.

Toutefois, rien n’exclut qu’une opposition unie de l’opposition, qui se montre intransigeante et qui sait frapper aux portes qu’il faut, maintenant à une hauteur élevée la pression sur le pouvoir, finisse par faire flancher Kabila, retirer la machine et opter pour une votation plus traditionnelle et moins controversée.

Alors que le choix de l’UDPS, non seulement de se désolidariser de la position de l’opposition sur la machine à voter, mais aussi de ne pas participer à la marche du 27 octobre 2018, crée néanmoins des lézardes dans le rempart des opposants. Joseph Kabila doit rire sous cape de ces fissures et voir déjà à travers les portes du palais présidentiel, le boulevard qui s’ouvre pour permettre à son dauphin de marcher tranquillement vers le fauteuil. La seule alternative qui reste pour que cette fissure ne se transforme pas en véritable cloaque de la division et des querelles déstabilisatrices de l’opposition, c’est que ses composantes se retrouvent rapidement pour redéfinir une nouvelle stratégie commune. Auquel cas, Ramazani Shadary pourrait déjà aller essayer ses nouvelles chaussures de président de la RDC ! Un boulevard ouvert pour lui par les opposants.

Ahmed BAMBARA

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