6 mois après s’être affronté, jaugé, se regarder en chiens de faïence, les frères togolais se retrouvent donc ce jour 19 février 2018, sous l’arbre à palabre, afin de s’entendre sur ce qui les divise, depuis plus d’un demi siècle. Enfin est-on tenté de dire ! Le référentiel de ces chicaneries togolo-togolaises tient en 4 pages, 4 pages qui serviront de boussole à ce dialogue, entre les 14 délégués de chaque partie (pouvoir et opposition) qu’arbitrera le président ghanéen, Akufo Addo.
Plus concrètement, ce sera 12 points qui seront à l’épreuve des discussions, dont les moindres ne sont pas, le retour à la constitution de 1992, la tenue d’un référendum, les mesures d’apaisement, en particulier, la libération des embastillés de l’opposition. L’objectif de ce dialogue est donc de parvenir à un accord à minima sur des questions qui fâchent, et aboutir à des mesures concrètes et consensuelles, prélude à une brisure de la glace qui sépare l’opposition du pouvoir, surtout depuis un certain 19 août 2017.
D’emblée chapeau bas au n°1 ghanéen, qui a réussi ce tour de force de mettre face-à-face les protagonistes togolais, qui ne voulaient en découdre que dans les artères et ‘’von’’ (6 mètres) du Togo. Il est vrai que son homologue guinéen, Alpha Condé y a aussi mis du sien, car à un certain moment, la tenue de cette palabre n’était pas évidente, tant les positions paraissent inconciliables ! Que peut-on espérer de ce dialogue inter-Togolais, saison II ? La première exigence matricielle de l’opposition qui est mentionnée en haut des 12 points, à savoir l’élargissement des détenus issus des manifestants de ces 6 derniers mois, et des présumés pyromanes des marchés de Lomé et Kara, trouvera-t-elles satisfaction ? Et dans quelle proportion ? Car si le pouvoir est prêt à édicter des mesures d’apaisement, les discours et les actes islamistes de certains prisonniers ne militent pas en leur faveur. Ensuite, quid du rétablissement de la Loi fondamentale du 14 octobre 1992 qui rétablit un unique bail renouvelable une fois à la présidence ? Si retour de l’article 59 ancien de cette constitution, il devait y avoir, que faire pour éviter la tambouille sur la rétroactivité de cette clause ? La loi dispose toujours pour l’avenir, mais dans le cas togolais, la casuistique, et les considérations patronymiques, entrant en compte, que faire pour accepter deux autres beaux de Faure Gnassingbé à la Présidence ? A la vérité, le contexte, et les lieux de dialogue ont changé mais Nana Akufo-Addo n’est pas loin d’être sur les traces d’un autre illustre facilitateur dans ce petit pays du Golf de Guinée : Blaise Compaoré. En 2005, et courant 2006, l’ex-président burkinabè a été le facilitateur d’un interminable dialogue entre pouvoir et opposition qui a débouché sur un Accord politique général (APG) paraphé à Ouagadougou et signé à Lomé, en août 2006. Un APG, qui n’aura pas tout réglé mais qui avait eu l’heur d’aplanir certaines divergences, surtout qu’à l’époque avec l’alors opposant historique Gilchrist Olympio, les choses n’étaient pas simples. Le président ghanéen, francophone, il parle couramment la langue de Molière, pragmatique, il l’a prouvé lors de la visite –escale d’Emmanuel Macron à Accra par un discours réaliste et surtout, Akufo connaît le Togo, un pays voisin qui abrite quasiment, les mêmes peuples avec le Ghana. Des atouts qu’il mettra à bon escient pour instaurer d’abord la confiance dans ce pays et de façon pérenne, on l’espère, puis lever toutes les hypothèques qui font danser le yoyo au Togo. Alors Nana Akufo- Addo facilitateur heureux ? Seuls les résultats de cette bagarre soft nous le diront.
Sam Christ
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