Le colonel Assimi Goïta, tout militaire qu’il est a participé à de nombreuses équipées salvatrices contre les terroristes de tout acabit, il sait que toute guerre, toute bagarre, se termine toujours autour d’une table ! L’arbre à palabre et le dialogue sont l’épilogue de toute dispute !
C’est dans cette optique qu’on peut situer l’annonce ce 31 décembre 2023, de Goïta autour du traditionnel discours à la Nation, d’un prochain «dialogue direct inter-malien pour la paix et la réconciliation». Sans trop détailler l’idée, laissant au Comité de pilotage qui sera mis en place à cet effet de le faire, le président de la Transition malienne a néanmoins précisé que ce face-à-face entre Maliens, sans tiers-personne, «permettre l’appropriation nationale du processus de paix… et d’éliminer les rancines des conflits communautaires et intercommunautaires». Autres précisions du colonel-président malien, «l’unicité, la laïcité de l’Etat et l’intégrité du territoire» ne feront pas partie des sujets à débattre. Le patron de la Transition a quasiment déjà campé le décor de cette Agora de réconciliation, car c’est bien de cela qu’il s’agit entre frères ennemis maliens. Un linge sale à laver entre membres de famille malienne.
Et sans l’apport de quelque médiateur étranger ! Le canevas est creusé : il y a des sujets tabous auxquels il ne faut pas faire allusion. Mise en garde à demi-mots à l’endroit des terroristes, qui veulent une partition du Mali et instaurer la charia ! L’intangibilité du territoire, et les questions religieuses sont proscrites à ce rendez-vous de «ta bouche, mon oreille».
C’est dire que EIGS, JNIM, CSP y sont exclus eux qui veulent justement un califat qui s’étend du Mali au Burkina ! Le CSP qui se sait déjà indésirable car classé désormais «terroristes» par Bamako a déjà décliné, eux qui ont été délogés de Kidal et dont certains ont trouvé refuge en Algérie.
En gros, il sera question lors de ce dialogue annoncé, de paix communautaire et intercommunautaire ! Et ce, de façon endogène ! Sans en parler, c’est l’Accord d’Alger de 2015 qui est visé. Car lorsqu’on parle de «s’approprier» naturellement le processus de paix, cela revient à dire que la recherche de cette paix sera désormais domestique, entre Maliens seulement et pas d’implication extérieure. En clair, il ne peut s’agir aucunement de requinquer l’Accord d’Alger d’il y a 8 ans, quasi en mort clinique, et qui divise pouvoir, terroristes et CSP, avec le vote référendaire constitutionnel, lequel met cet Accord d’Alger dans un angle mort, selon de nombreux signataires.
A y regarder les balises, c’est moins donc pour ressusciter cet accord que de lui donner le coup de grâce. Car d’abord, un dialogue sans les rebelles et les terroristes, exclus justement ceux avec qui Bamako a de sérieux problèmes !
Mais, peut-on discuter avec des gens qui veulent une autonomie de l’Azawad, et régenter le Sahel par un rigorisme islamiste moyenâgeux ?
Mais on s’interroge également sur les termes «communautaires» et «intercommunautaires», car même ennemis de la République, CSP, CMA et autres sont des Maliens, s’ils ne se sentent pas concernés par cette palabre malo-malienne, ce sera un dialogue biaisé et à minima !
Au-delà des frontières maliennes, on peut donc voir aussi dans ce dialogue anti-accord Alger qui ne dit pas son nom, les conséquences de l’exacerbation des mauvaises relations entre le Mali et l’Algérie, alimentées récemment par le rappel d’ambassadeurs et la sortie de l’imam Dicko, après un séjour en Alger, où il a été reçu par le président Abdelmadjid Tebboune. En attendant de voir clairement à quoi va ressembler cette réunion de la Grande famille malienne, ça sent plus les obsèques de l’Accord d’Alger qu’on célèbre, et une nette démarcation entre ceux qu’on considère comme des Maliens, patriotes, selon la terminologie en vogue au Sahel, et les autres comme des non-Maliens, parias ou apatrides ! .
La REDACTION
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