Encourageant. Le président camerounais Paul Biya a ordonné la libération de 333 personnes qui étaient détenues dans le cadre de la crise anglophone. Si les séparatistes anglophones voulaient un signe de la part du chef de l’Etat camerounais, ils devraient en principe trouver leur content.
Cet acte posé en marge du dialogue national devrait lui donner un coup de propulseur, de quoi le mettre dans l’orbite d’un de ces moments dont raffole l’Histoire. Ce d’autant plus que l’une des recommandations de ce Grand dialogue donnent des lueurs d’espoir. Les participants ont en effet recommandé l’octroi d’un statut spécial aux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
L’objectif est de renforcer l’autonomie de ces collectivités territoriales décentralisées. Un coup d’œil dans le rétroviseur permet de se rappeler que depuis 2017, les revendications sociales des populations anglophones, tournaient bien autour du reproche fait à l’Etat de les léser par rapport aux huit régions francophones. Ces revendications n’arrivant pas à parvenir à l’oreille du grand Manitou, se sont malheureusement transformées en conflit meurtrier entre des groupes indépendantistes armés radicalisés et les forces de sécurité de l’État. En trois ans, plus de 3 000 morts ont été ramassés sur le carreau.
Les espoirs sont portés sur ce Dialogue national afin que cette hécatombe cesse et que le Cameroun puisse ne faire face désormais qu’à un seul front, celui du terrorisme. Mais pour cela, Yaoundé doit lâcher du lest et Biya le sait. Il fait de son mieux, avec la libération des 333 détenus.
La recommandation d’accorder un statut spécial aux régions anglophones devrait en principe permettre au deux camps de faire la paix des braves. Il ne s’agit pas d’une fédération ni d’une partition, ce n’est pas non plus l’unité parfaite, mais cela devrait contenter tout le monde. A condition que les décisions sur le papier soient accompagnées d’actes sur le terrain, avec un transfert effectif de ressources et d’une amélioration des capacités de décollage tant économique que social de ces régions.
Le Dialogue national semble désormais paraître comme une main tendue aux sécessionnistes qui ont boudé toutefois la rencontre. Vont-ils accepter de prendre cette main tendue ? Exigeront-ils de meilleures garanties de mise en œuvre ? Ou décideront-ils de ruer dans les calebasses et renforcer toute l’eau de l’entente qu’elles contiennent ? Paul Biya doit certainement attendre des réponses à la hauteur de son geste de libérer 333 détenus. Un chiffre magique, à l’image des 333 Saints de Tombouctou…
Ahmed BAMBARA
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