Dialogue national de Paul Biya : Un arbre à palabre sur les indépendantistes anglophones déjà chahuté

Dialogue national de Paul Biya : Un arbre à palabre sur les indépendantistes anglophones déjà chahuté

Qui a dit que la situation inflammable dans les régions anglophones du Cameroun ne préoccupait pas Paul Biya ? La preuve par cette rupture de silence pour le mutique et énigmatique locataire du palais d’Etoudi, qui a convoqué mardi dernier, via une sortie médiatique, une sorte d’Agora nationale pour circonscrire le mouvement séparatiste du Nord-Ouest et Sud-Ouest du pays d’Ahmadou Ahidjo.

Il n’y a pas eu d’ontologie du mystère dans le message du chef de l’Etat camerounais, Paul Biya hier sur la CRTV, la télévision nationale : le n°1 camerounais tout en peignant l’existant dans les régions anglophones (marquées par des actions et velléités sessionnistes) a appelé à la tenue d’un arbre à palabre camerouno-camerounais, pour fin septembre 2019.

Que retenir de ce grand oral de ce président taiseux, dont les sorties médiatiques sont rarissimes ? Formellement, on sentait un Paul Biya tantôt détendu, tantôt sévère, le débit du phrasé était normal et la gestuelle habituelle.

Quid du fond sur ce qui a constitué la trame de ce discours c’est-à-dire, la grave crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun ?

D’abord, haro sur les mouvements radicaux, marionnettes d’apatrides qui ont transformé le Nord-Ouest et le Sud-Ouest en régions en crise dont le commun dénominateur est : violences contre les Forces de l’ordre.

Le discoureur d’hier soir, a déploré aussi l’exode massif de ces boat-people internes camerounais. Paul Biya brandira tous les gages de paix qu’il a initiés allant de l’arrêt des poursuites judiciaires contre 289 personnes arrêtées dans le  cadre de ces violences, et l’invite au dépôt des armes, et à un DDR. Le chef de l’Etat camerounais s’inscrit du reste contre les raisons fallacieuses évoquées pour justifier ces mouvements indépendantistes, notamment la marginalisation, l’exclusion ou la stigmatisation. Tous les premiers ministres depuis 1992, ne sont-ils pas issus de ces régions ? Y a-t-il preuve de grande inclusion que ça ?

Et Biya puissance 7 issu de la dernière présidentielle d’estimer qu’il a montré tous les signes de bonne volonté présidentielle à l’égard de ceux qui «tuent, violent et mutilent» et ne comprend pas ces velléités.

Vint alors la demi-surprise du chef : des assises nationales fin septembre sur les régions du Sud-Ouest et Nord-Ouest du Cameroun, prolongement de la tournée de paix du premier ministre dans ces lieux.

Plat de résistance de ce dialogue : unité nationale, intégration nationale, vivre-ensemble.

Ainsi donc Paul Biya veut prendre langue avec ceux qui contestent l’autorité de Yaoundé. Le président camerounais veut une sorte de brainstorming national pour cautériser cette plaie béante qui menace de se gangrener qu’est la situation dans cette «Ambazonie» autoproclamée.

Discuter avec les sessionistes, d’accord mais quel en sera le format ? Pour aboutir à quels résultats ? Si l’enfant terrible de M’vomeka dit avoir déblayé le terrain, par des préconsultations et même avoir désigné le premier ministre Joseph Dion Ngute pour conduire cet arbre à palabre, certains de la société civile, restent circonspects et abasourdis par ce calendrier, qui les prend à revers, tel Jean Marc Bikoko de la centrale syndicale des travailleurs du Cameroun.

Les premiers responsables de ces régions anglophones daigneront-ils accepter cette main de fer dans un gant de  velours qui leur est tendue à l’heure où certains d’entre eux croupissent en prison tel Sisiku Ayuk Tabé le président ambazonien autoproclamé ? Comment dialoguer en enjambant les 2 000 victimes de cette situation sessionniste et sans une loi d’amnistie, s’est insurgé le SDF, un des principaux partis d’opposition.

La question de l’Ambazonie peut-elle se résoudre au détour d’un dialogue inter-camerounais ? Autant de questions qui font que cette table ronde mérite d’être entourée de tous les garde-fous. Et il revient toujours à Biya, féru de musique classique d’adoucir ce dialogue par un air d’apaisement. Le pourra-t-il ?

Sam Chris

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