Dialogue politique au Sénégal : Tour de Babel, monologue ou deal ?

Dialogue politique au Sénégal : Tour de Babel, monologue ou deal ?

Censé arrondir les angles surtout politiques, calmer les ardeurs qui sont à fleur de peau et ramener un semblant de paix, forcément fragile, le dialogue politique initié par le président du Sénégal, Macky Sall, a bien débuté hier 31 mai 2023 au palais présidentiel. Mais quel dialogue quand on sait que la majorité des opposants de Yewwi Askan Wi sont absents, de même que le conglomérat F24 ? Seules quelques têtes de pontes de cette opposition ont donné leur feu vert pour en être notamment Khalifa Sall, le PDS de Me Abdoulaye Wade, Tiefal…

Ces boycotteurs jugent cet arbre à palabre inopportun et sans objet, car il suffit de quelques actions de Macky Sall pour ramener la sérénité au pays de la Téranga. En libérant les 500 prisonniers politiques «du jamais vu au Sénégal», lâche un opposant, et surtout, en déclarant qu’il n’a plus la tentation du 3e mandat !

D’ailleurs, ce dialogue ressemble à s’y méprendre à une Tour de Babel, car non seulement il n’y a pas d’ordre du jour, ni de terme de référence, des retrouvailles pour parler de tout et de rien, ça fait un peu puéril, et on se demande pourquoi le chef de l’Etat, initiateur de cette rencontre n’a  pas donné un contenu à ce dialogue. C’est pourquoi d’ailleurs, le F24 a organisé un contre-dialogue pour donner la réplique à l’autre qui est sans sujet précis. Mais surtout pour affiner ses stratégies face à l’affaire du 3e mandat.

Il s’agit donc d’un monologue du pouvoir avec quelques individualités, sans plus. Et sur ces pseudo-dialogues et vrais enjeux, il y a le 3e mandat et le verdict du procès Sweet Beauty attendu pour aujourd’hui 1er juin 2023.

Sera-t-il condamné et dans ce cas, adieu son éligibilité ? Ou trouvera-t-on des circonstances atténuantes au président du PASTEF, sur qui pend un réquisitoire de 10 ans de prison ?

C’est surtout ce procès hypermédiatisé, ce procès de mœurs devenu politique de par la qualité de l’accusé qui en a usé jusqu’à la corde, c’est donc ce procès Adji Sarr qu’on attèle maintenant à la présidentielle, et de facto au 3e mandat prêté à Macky Sall ! En fait, cette histoire de salon de massage qui a glissé sur le dos de la République est liée à la course à la présidentielle. Macky Sall veut-il écarter Sonko pour avoir un boulevard le menant pour la 3e fois sur l’Avenue Roume, le siège de la présidence ?

Nombreux sont ceux qui le pensent et estiment même que ce dialogue politique est un deal qui ne dit pas son nom. Un 3e mandat pour Macky sall contre la possibilité pour les Karim Wade, Khalifa Sall et peut-être Sonko d’être candidat en février 2024. C’est pourquoi d’ailleurs  chacun y est allé de ses préoccupations:Khalifa Sall a évoqué le 3e mandat de Macky, le PDS a soulévé la révision du procès Karim Wade tandis que le président parlait d’élections libres et transparentes. Quelles sont les modalités d’un tel deal, si tant est qu’ il n’est pas le produit du cru des opposants ? Comment le faire accepter ? Et les Sénégalais seront-ils partants ? On le saura rapidement.

 

La REDACTION

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