Dialogue politique : Pourvu que les mêmes rires subsistent en 2020

Dialogue politique : Pourvu que les mêmes rires subsistent en 2020

Lorsque la cime du palais de Kosyam sifflait sous la bourrasque et les éléments déchainés du houleux débat sur la modification de l’article 37, l’idée d’un dialogue politique est sortie du giron d’un certain Blaise Compaoré, alors président du Faso. A l’époque, les Burkinabè ont assisté à un royal dialogue de sourds. Car s’il y avait fin plus écartelée qu’une queue de poisson, on l’aurait prise pour qualifier ce à quoi étaient arrivés Zéphirin Diabré, alors chef de file de l’Opposition politique et Assimi Koanda, chef de la majorité présidentielle.

Les choses ont-elles changé ce 22 juillet 2019 ? Peut-être oui. Le caractère en apparence cordiale de cette semaine de jamborée entre la majorité et l’Opposition, jalonnée de photos rigolos sur Facebook d’un certain Eddie Komboïgo qui chahute Clément Sawadogo, laisse croire que tout s’est bien passé. En tout cas, les mines sont loin d’être rébarbatives que celles qui ont été affichées sous la tempête de l’article 37.

Les circonstances ne sont pas les mêmes. Ni peut-être les enjeux. Personne ne dénie à l’autre le droit d’être candidat en 2020. Il n’y a pas de crise politique à proprement parler. Les regards sont surtout tournés vers le gros nuage du terrorisme qui a déjà avalé le Sahel, le Centre-Nord, le Nord, l’Est et en train de fondre sur Ouagadougou. Ce qui a sans doute amoindri les tensions.

Et ils se sont accordés sur l’essentiel. Les points consensuels, une foultitude comparée au seul point de désaccord (la carte biométrique consulaire comme document électoral), montrent que cette rencontre aura servi au moins à aplanir les divergences, les inquiétudes, les méfiances et les soupçons.

Ainsi donc, la présidentielle et les législatives seront couplées en 2020. Les municipales devront attendre 2021. Par ailleurs, le référendum est laissé à la discrétion du président du Faso.

Il y a d’autres éléments qui ont été pris en compte et sur lesquels, normalement, ils ne devraient plus y avoir de grincements de dents.

En principe donc et jusqu’à 2020, l’opposition politique ou la majorité ne devrait plus se chamailler outre mesure, si ce n’est sur la carte consulaire biométrique. 

Toutefois, une belle chose est de coucher sur papier ces si belles paroles et une autre est de les appliquer. On attend le comité de suivi au pied du mur. Notamment, pour la mise en œuvre de certaines des recommandations. On sera curieux de voir comment le gouvernement pourra «mettre fin à toutes les formes de favoritisme et de clientélisme dans l’attribution des marchés publics et à la promotion des cadres selon leur appartenance politique, redistribuer de manière équitable les richesses nationales et les investissements entre toutes les régions du Burkina Faso afin que tous les filles et fils du pays se sentent appartenir à une même nation, mettre fin à l’impunité et à l’injustice, sources de tensions sociales pouvant conduire à de graves crises». Entre autres.

Un autre élément est que les Forces de défense et de sécurité (FDS) et plus précisément les populations fatiguées par les morsures des attaques terroristes, ressentiront l’importance de ce dialogue politique.

Enfin, et c’est peut-être le plus important, le pays étant déjà sous les griffes des individus sans foi ni loi qui veulent le mettre à genoux, que pendant la campagne, pendant les scrutins de 2020 et à la proclamation des résultats, les hommes politiques n’en rajoutent pas. Pourvu que l’odeur de l’ambiance bon enfant qui a régné pendant ces sept jours reviennent chatouiller leurs narines lorsque des résultats pas favorables rougiront leurs yeux et mettront en éruption le volcan de leur cœur, activateur en puissance des crises post-électorales devenues si habituelles au continent africain…

Ahmed Bambara

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR