Discours de Macky Sall, président de l’UA à la 77e AG de l’ONU : Oui à l’afro-optimisme, non à  l’assistanat onusien contre le terrorisme

Discours de Macky Sall, président de l’UA à la 77e AG de l’ONU : Oui à l’afro-optimisme, non à  l’assistanat onusien contre le terrorisme

Après l’ouverture des travaux de la 77e Assemblé générale de l’ONU par Antonio Guterres, c’était autour des chefs d’Etat et de gouvernement de défiler sur la tribune de la Maison en verre de New-York, chacun pour délivrer son discours. A tout seigneur, tout honneur, c’est au président de l’UA Macky Sall et chef de l’Etat du Sénégal d’ouvrir ce ballet de discours, hier 20 septembre.

Côté pile, c’est un président de l’UA qui a préféré voir sur le continent ce qui marche, plutôt que l’éternelle sinistrose qu’égrènent à longueur d’éditons, médias et spécialistes de l’Afrique, lesquels n’ont de spécialistes souvent que quelques semaines passées dans un pays, ou généralement, ils squattent les lambris des palais présidentiels ou les bureaux feutrés de certains décideurs, sans se risquer sur le terrain.

Cette Afrique des crises, qui a faim où l’on s’étripe pour un Oui ou un Non, le patron en exercice de l’UA a préféré l’ignorer encore que tous ces problèmes ne sont pas rédhibitoires. Généralement d’ailleurs, les discours de certains présidents  «grands» de ce monde passés, les oraux des dirigeants africains sont livrés dans une cuvette de l’ONU un peu clairsemée. Hier dans la matinée, Macky Sall a eu la chance de le faire devant un public assez dense, ouverture des travaux oblige.

A quelques 30 ans de distance, on aurait cru entendre quelques aspects du discours de Thomas Sankara, le frontal en moins. Oui, l’Afrique est le continent de l’avenir sur lequel comptent tous les autres, car c’est le lieu où la démographie sera une richesse, où sur les 30 millions de km2, 60% sont arables, alors que ses richesses hydriques, géologiques, forestières et énergétiques font bousculer les grandes puissances sur son sol. «C’est l’Afrique des solutions» et l’expression de Macky Sall campe la totalité de la réalité africaine dans la mesure du possible. Reste et c’est le bémol à cet afropessimisme qu’il faut du reste saluer, le seul handicap demeure le format du partenariat avec l’Europe, les USA … Un partenarial inhibé par de nombreuses tares, et là encore, Macky Sall trouve le vocable juste en évoquant une «réinvention» de ce rapport, une innovation partenariale.

Les Africains devraient vibrer aussi avec Macky Sall lorsqu’il s’est inscrit en faux contre cette Afrique transformée en arène pour une seconde guerre froide dont elle sortira à coup sûr bredouille ! Le Mali illustre parfaitement cet état des choses.

Plutôt que de servir de terrain de prédilection pour une nouvelle curée Est-Ouest (où est aujourd’hui l’Est et l’Ouest d’ailleurs ?) plutôt que ça, l’Afrique «kif » pour des connexions avec des opportunités gagnantes. Jouer dans la cour des grands, voilà ce dont a besoin le continent et un arrimage au G20, via l’octroi d’un siège de l’UA, serait déjà un marche-pied.

Côté face du discours, c’est encore cet appel au Conseil de sécurité de l’ONU, d’aider l’Afrique à lutter contre le terrorisme. Non ! C’est un plat que Macky Sall réchauffe, car si la promotion de la paix dans le monde est inscrite au fronton de l’ONU, il y a loin cet écriteau à la réalité, surtout en Afrique. Là, il y a lieu de dénoncer, les travers du «machin». C’est la même ONU qui, pendant longtemps a refusé le chapitre 7 au G5 Sahel, jusqu’à ce qu’il implose avec la sortie du Mali. Un gâchis qu’on aurait pu éviter.

La MINUSMA par exemple au Mali, devenue quasi-pestiférée, a eu la promesse onusienne de ce chapitre 7, qui permet de muscler son mandat, mais sans suite.

Enfin, lorsqu’on prend les opérations onusiennes en Afrique, où d’ailleurs elles sont les plus nombreuses, le chœur de désapprobation émanant des populations contre les bavures, et surtout contre une forme d’efficacité achève de convaincre que contre le terrorisme, les Africains doivent retrousser les manches, s’organiser pour se défendre, avant que l’ONU vienne en appoint. L’aide sécuritaire que fait par exemple Barkhane doit consister à des appuis conjoncturelles, pas à combattre à la place des soldats du Sahel.

Les katibas gagnent du terrain, notamment au Mali et au Burkina, encore qu’il y a un léger mieux selon Crisis Group dans son dernier rapport (Lire pages 6, 7 et 8) mais le salut de l’Afrique contre cette pieuvre viendra des Africains, pas ailleurs.

Christelly Nontondo

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