Disparition de Gorbatchev vue d’Afrique : Exécré en Russie, adoubé en Europe et sujet à l’indifférence sur le continent

Disparition de Gorbatchev vue d’Afrique : Exécré en Russie, adoubé en Europe et sujet à l’indifférence sur le continent

 

«La perestroïka et glasnost constituent la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle», avait lâché Poutine au sujet du règne de Mikhaïl Gorbatchev (1985-1991), lequel fut à la base de la fin de la guerre froide, de la chute du mur de Berlin (1989), en un mot, de la fin d’un monde bipolaire.

Décédé ce mardi 30 août 2022, sous le règne de Vladimir Poutine, le locataire du Kremlin ne pouvait que lâcher une laconique compassion en guise d’oraison funèbre pour ce devancier qui est son antithèse. Pas de deuil national, une infime journaux russe mentionnent cette mort, c’est que pour bon nombre de Russes, y compris la myriade d’Etats qui formaient l’ex-URSS, la fin de la guerre froide fut un acte de haute trahison. Le charisme et le mythe de Poutine sont bâtis justement sur ce rêve de grand retour de l’Empire russe, version moderne des Tsars.

Le célèbre gisant russe dont les obsèques sont prévues le samedi 3 septembre qui contribua à saucissonner le pays et à lui faire perdre une partie de son softpower, était donc un pestiféré en Russie, que la propagande officielle a diabolisé. Pour tous ceux-ci, Poutine en tête, «Gorba» a confirmé tout ce qui a été écrit dans le best-seller de 1997 : le Livre noir du communisme.

A rebours en Europe, l’illustre défunt aura contribué à l’essor de la liberté, de la démocratie, et au multilatéralisme. C’est pourquoi d’ailleurs, le chœur des condoléances et des hommages émanant de «l’Ouest» si tant est que ce point cardinal dans le jargon politique a toujours la même sémantique que jadis les hommages dont venus d’Europe sont d’une tonalité différente : «homme de paix dont les choix ont ouvert un chemin de liberté aux Russes» selon Emmanuel Macron, Boris Johnson parle du «courage et de l’intégrité» du disparu. Jo Biden évoque «un leader rare».

Et l’Afrique par rapport à celui qui dirigea ce pays où bon nombre de cadres (médecins, ingénieurs) furent formés dans les années 70, 80 ? La guerre froide a laissé des marques indélébiles sur le continent ou dans plusieurs pays, comme par exemple en Angola, la lutte guerrière opposant le communisme au «monde libre», incarné par l’UNITA et le MPLA. Des dictatures de droite telles celles de Franco ou Pinochet ont eu leurs émules pour justifier le communisme. Période donc de «cataclysme politique» en Afrique où le communisme était la panacée que celle de Gorba. L’anticommunisme connut aussi son floruit bien avant même l’avènement de Gorba en 1975, avec les Accords d’Helsinki (Eurocommunisme). Qu’on vibre toujours en «isme» sur le continent, fait toujours bien aux partis socialistes, ou même d’obédience social-démocrate, et nul doute que le «monde libre», a considéré longtemps l’URSS comme une prison des peuples, mais les Africains ont vécu aussi les ravages de ce communisme avec des régimes totalitaires dont l’un des derniers demeure l’Erythrée, mais et c’est pourquoi si des régimes révolutionnaires ont essaimé le continent, c’est tout de même la démocratie même tropicalisée qui paraît acceptable. Et Gorba en déboulonnant le mur de Berlin aura marqué l’avènement d’un monde autre.

Gorbatchev a sauté une chape de plomb qui, certes a mis longtemps à désillusionner les Africains sur les limites de «pouvoir du peuple» qui avait certains avantages mais qui n’en demeure pas moins handicapant sur beaucoup de plans.

Le père de la perestroïka a ressuscité Soljenitsyne qui avait déjà opéré une brèche dans le communisme avec l’Archipel du Goulag. En Afrique sans doute, Gorba passera à la postériorité comme celui qui a accéléré ou ralenti les choses sur le plan politique c’est selon, il a repoussé l’horizon des libertés, en montrant les laideurs d’un système qui fut porté aux nues pendant des décennies comme le meilleur et qui fit dire à Jean Daniel (journaliste et éditorialiste français) au sujet du communisme qu’il «préfère l’erreur qui rapproche à la vérité qui sépare». 30 ans après l’écroulement du bloc soviétique, Gorba pourrait être appelé en Afrique comme un démocrate, et un libérateur, contextualisé évidemment. Et c’est connu, on n’est jamais prophète chez soi.

 

La REDACTION

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