Dissolution du CNSP au Mali : Inutile et inopérante !

Dissolution du CNSP au Mali : Inutile et inopérante !

C’était dans l’air du temps, c’est désormais officiel depuis hier 26 janvier 2021. Le président de la transition Bah N’Daw a signé (enfin) le décret de dissolution du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), organe qui a mis entre parenthèse la démocratie malienne après le coup d’Etat du 18 août 2020.

C’était une des fortes recommandations de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) après la mise en place des organes de la transition. Mais depuis lors, la transition à dominance kaki faisait la sourde oreille sur cette insistance de la CEDEAO de supprimer le CNSP du paysage intentionnel du Mali. Et l’institution sous régionale en avait finalement fait de cette dissolution comme une priorité lors de son sommet en visioconférence le samedi dernier. Mais aussi curieux que cela puisse paraître, c’est hier, mardi 26 janvier, que l’on a eu connaissance de ce décret de dissolution datant du 18 janvier. Faut-il en rire ou en pleurer ? D’autant que si le CNSP a été réellement dissout depuis cette date, pourquoi le président de la transition ne l’a-t-il pas signifié à ses collègues chefs d’Etat de la CEDEAO lors du sommet du samedi qui l’ont rappelé à l’ordre ? Ensuite, pourquoi, c’est le jour du déplacement même de Bah N’Daw à Paris pour rencontrer son homologue français que le décret se retrouve sur la place publique alors qu’il est censé être signé depuis plus d’une semaine ? N’Daw a-t-il antidaté ce décret pour la circonstance de son voyage parisien ? En allant à la rencontre de Macron, se serait-t-il dit que la question de la dissolution du CNSP ne pouvant être éludée lors de l’aparté Elyséen, et qu’il fallait anticiper afin de ne pas se faire remonter les bretelles d’autant que la France soutient la CEDEAO dans son processus de sortie de crise au Mali ? Autant de questions sans réponses. Et dans tous les cas de figure, c’est abracadabrantesque.

Du reste, c’est une dissolution qui n’apporte plus rien puisque les cinq officiers qui ont déposé IBK et mis en place le désormais ex-CNSP sont toujours les hommes forts de cette transition civilo-militaire. Son ex-président, Assimi Goïta étant actuellement le numéro deux du régime avec trois autres qui occupent des portefeuilles ministériels aussi stratégiques que celui de la Défense, de la Sécurité ou encore de l’Administration territoriale tandis que le colonel Malick Diaw, le numéro deux dudit ex-CNSP est à la tête du Conseil national de transition (CNT) qui joue provisoirement le rôle du pouvoir législatif.  Ainsi après avoir fait proprement le travail  le 18 août 2020 c’est-à-dire renverser IBK,  s’être taillé  des postes «balaises» et impulser la direction à prendre pour la Transition le quarteron de colonels a daigné enfin s’exécuter. Certes, ils ont in fine concédé à la recommandation de la CEDEAO, mais ils auront eu le temps de tout verrouiller, de se mettre à l’abri voire prendre des dispositions dans la perspective de la présidentielle. Bref de voir venir et de disposer pour l’avenir.

C’est vrai qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. Mais le comble, c’est que depuis septembre 2020 que ça traînait et la CEDEAO avait posé, comme, entre autres conditions matricielles la dissolution de cet organe des putschistes avant la levée des sanctions sur le Mali. Alors, ces militaires se sont plutôt hâtés lentement pour respecter cette injonction malgré moult mises en garde de l’institution sous régionale. C’est donc une dissolution inutile et inopérante. Mais tant que ça gonfle l’égo de la CEDEAO…

Idrissa TRAORE

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR