Tout est allé fissa à la vitesse grand V, pas de «tunnel», ni de tergiversations, usant du droit qui lui permet de dissoudre l’Assemblée nationale à partir d’hier 12 septembre, le président Bassirou Diomaye Faye (BDF) a embrayé au quart de tour : congédier le parlement, en les renvoyant à leurs mandants, le 17 novembre prochain. Il n’y aura pas de compte à rebours, s’appuyant sur les lois républicaines, BDF a donc tranché dans le vif.
Non sans égrener les griefs qui lui dictent ces oukases présidentiels :
Refus le 29 juin 2024, du débat budgétaire par la majorité frondeuse ;
Rejet le 29 août de la dissolution du Haut conseil des collectivités, et du Conseil économique, budgétivores s’il en est qui cadrent mal avec ce pouvoir de rupture ;
Usurpation des prérogatives du chef de l’Etat pour l’empêcher de fixer la date du Discours de politique générale (DPG) du premier ministre, et sacrilège politique, le chiffon rouge de la motion de censure.
Pour le chef de l’Etat, ç’en était trop, et les députés de Benno Bokk Yakaar (BBY), qui faisaient le blocus, Place Soweto, ont franchi le Rubicon et foi du président BDF «l’ordre politique» n’aura jamais d’ascendance «sur l’ordre légal». Haro sur le «culte de blocage». En vertu de l’article 87 de la Constitution donc, BDF dissout le parlement, fixe les députations anticipées au 17 novembre 2024.
En fait, le chef de l’Etat au-delà des blocages des élus de BBY pour lui pourrir son mandat, BDF a un timing très étriqué qui ne lui laisse guère de fenêtre pour traîner.
Avoir une majorité pour obtenir la marge de manœuvre à l’Assemblée nationale ;
Vote du Budget qui est la politique chiffrée du gouvernement ;
Discours de politique générale du chef du gouvernement, Ousmane Sonko.
Fin d’une sorte de crise artificielle maintenue par BBY, qui jouait le second tour au long cours à travers ce blocage à l’hémicycle ! La logique des institutions a été respectée. Le nouveau président a besoin d’une Assemblée nationale qui l’accompagne dans sa «Nouvelle temporalité quinquennale», son programme pour lequel, les Sénégalais l’ont installé à l’Avenue Roume. Cependant, cette dissolution et les législatives projetées le 17 novembre 2024 sont un défi immense, car si la présidentielle avait mis KO Macky Sall et la galaxie Apériste, ces derniers se sont organisés et vendront chèrement leur peau à ces législatives afin d’imposer une cohabitation au président Faye, inédite en Afrique, ou à tout le moins invivable, comme ce fut le cas au Niger dans les années 90.
D’ici mi-novembre, le président Faye pourra gouverner par ordonnance et ça peut être important pour accélérer des mesures populaires pour que son camp soit en meilleure position.
Et plus que jamais donc, les Sénégalais ont leur destin en main. C’est-à-dire soit ils confirment la victoire sans bavure de BDF du 24 mars 2024, ou scénario qu’on peut redouter à juste raison, corriger des débordements émotionnels en lui refusant la majorité, avec à la clef, un parlement ingouvernable, scénario cauchemardesque pour le pouvoir PASTEF .
Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA
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