Ça y est là ! Aujourd’hui 29 janvier 2025, l’AES, constituée de 3 pays le Mali-Burkina-Niger quittent officiellement la CEDEAO. Divorce pas à l’amiable loin s’en faut ! Après 6 mois de sursois brandi par l’institution sous-régionale dans l’espoir que l’AES réintégrera la CEDEAO, l’érection d’un passeport, le profilage d’une banque de l’AES, ont fini de déciller les yeux d’une CEDEAO, qui a été une réussite d’intégration économique et des peuples, mais a souvent ahané à régler les problèmes urgents et à anticiper.
Ce 29 janvier 2025, marque un tournant géopolitique dans la sous-région, car bien que certaines choses demeureront peu ou prou en l’état, comme la libre circulation des personnes et des biens, le CFA en cours (grâce à l’UEMOA) les pendules de l’AES et la CEDEAO n’indiqueront plus la même direction.
D’abord, il y a cette démarcation physique, idéologique et sécuritaire AES/CEDEAO : pour l’AES, la CEDEAO est enferrée dans des idéaux et considérations qui sont aux antipodes des peuples de la zone.
En ligne de mire, la France et c’est pourquoi, actuellement pour l’AES, biffer les bases françaises ne suffit point, il faut rompre avec les accords de défense. Le présent divorce ne règle pas toutes les divergences, car l’AES, c’est 7% de la population de la zone, 10% du PIB, le Burkina Faso a une interdépendance avec la Côte d’Ivoire, le Mali avec le Sénégal, le Niger avec le Bénin et le Togo… Le Togo et le Tchad seront-ils les prochains dominos de l’AES ? Les employés des 3 pays qui étaient à la CEDEAO à Abuja ou ailleurs doivent être gérés.
Que dire de cette rupture AES/CEDEAO ? Visiblement, l’organisation sous-régionale sous instigation extérieure a voulu punir les Etats du Sahel au motif que leurs gouvernants sont parvenus au pouvoir par des putschs ! C’est un narratif en tout cas qui est audible auprès d’une certaine jeunesse ! Les fonctionnaires et missi dominici, au premier rang desquels certains chefs d’Etat, ont voulu imposer un calendrier électoral au mépris des réalités de terrain ! En réaction, ces Etats «putschés» ont claqué la porte pour créer l’AES ! Alea jacta est ! Les dés sont jetés !
Le vin est tiré, il faut le boire ! Son goût dépendra de la volonté des deux organisations de se départir de l’esprit punitif qui prévalait jusque-là, sérénité nécessaire pour aborder cette étape avec réalisme et esprit panafricaniste ! A savoir que discernement et pragmatisme doivent être de mise.
Au sein de la CEDEAO, le camp des faucons s’est rétréci et l’heure est à une realpolitik ! Au niveau de l’AES, le temps semble avoir adoucit quelque peu l’esprit belliciste.
Personne ne gagnera dans cette nouvelle configuration sans un nouvel esprit. La CEDEAO, de facto, n’est plus une organisation faîtière de l’Afrique de l’Ouest ! Les Etats de l’AES doivent obtenir des garanties pour leurs peuples et diaspora, une juste répartition des fruits de la coopération technique régionale à travers les institutions et programmes lancés de concert et qui sont des portes d’entrée des financements internationaux dans la zone. Les négociations qui s’engagent doivent préserver l’avenir, ouvrir de nouvelles opportunités et non ériger un rideau de fer entre des peuples frères ! Les négociations de part et d’autre portent une lourde responsabilité devant l’Histoire et les peuples, et doivent donc faire fi des frustrations immédiates pour se protéger dans la reconstruction, pour ne pas dire une coconstruction d’un futur Africain glorieux. De part et d’autre de la ligne de fracture AES/CEDEAO, on est tenté de dire : Esprit punitif sors de là !
Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA
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