Divorce AES-CEDEAO : La diplomatie togolaise à la manœuvre

Divorce AES-CEDEAO : La diplomatie togolaise à la manœuvre

Ainsi donc rétrospectivement et en attendant de voir, Faure Gnassingbé, le président du Togo avait tout vrai lorsque à la veille du sommet de juillet, à Abuja, il s’était rendu discrètement au Niger pour s’enquérir de la situation in concreto et offrir ses services de médiateur avec la CEDEAO.

En son temps, beaucoup de ses pairs avaient grincé des dents, criant même à la «trahison» de Faure, puisque la posture qui valait, c’est qu’il fallait taper le CNSP et rétablir Bazoum en selle ! 8 mois après, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de Niamey, Ouaga, Bamako, Abidjan, Abuja… et le fait est là tangible : les prétoriens putschistes de la sous-région ont tenu la dragée haute contre la CEDEAO, et contre la France et même que cette Troïka a rompu les amarres avec la CEDEAO, depuis ce 28 janvier 2024.

Un game-changer (sorte de Tabula rasa) qui met une organisation sous-régionale, en rogne laquelle était arc-boutée aux questions du rétablissement de l’ordre constitutionnel, ou de sanctions diverses, et qui est désormais face à un triple retrait dont elle devra gérer les conséquences.

Or, dans cette CEDEAO, et à la lumière des faucons va-t’en guerre contre le Niger, nombre de chefs d’Etat de la Communauté, n’ont plus l’oreille attentive des 3 putschistes constitutionnalisés. Faure Gnassingbé n’a pas ce problème : il a des atomes crochus avec Assimi Goïta du Mali, et il y a 9 mois, il s’est impliqué dans le brûlant dossier des 49 militaires ivoiriens retenus au Mali ; il a l’oreille attentive du général Tiani du Niger, lequel s’est même rendu au Togo le 8 décembre 2023. Enfin, il n’est pas fâché contre IB du Burkina. Last but not least, il a de très bons rapports avec Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire.

Doté donc de tous ces atouts, le président togolais a instruit son chef de la diplomatie Robert Dussey lequel avec ses collaborateurs sont actuellement dans ces 3 capitales pour d’abord éteindre le feu. Car c’est de cela qu’il s’agit puisque les 3 dirigeants kaki dégagent actuellement un ras-le-bol vis-à-vis de la CEDEAO, explicables par le chapelet de griefs que leur porte-parole ont égrené il y a 72 heures. Du reste, le capitaine IB du Burkina Faso, y est longuement revenu au cours d’un entretien accordé ce 30 janvier 2024 à la chaîne d’Alain Foka (lire page 3), et dedans pour lui, le cordon ombilical est vraiment coupé avec la CEDEAO. (L’intégralité de l’entretien à lire demain dans notre édition).

Alors il s’agira pour la cavalerie diplomatique togolaise, d’enlever les œillères que porte la CEDEAO.

Engoncée dans ses certitudes principielles, textuelles et habituelles, la CEDEAO devra écouter Faure Gnassingbé et même d’autres chefs d’Etat, qui passaient pour des boutefeux, mais qui se sont ravisés face à l’existant géopolitique.

Et si sommet extraordinaire de la CEDEAO, il devrait y avoir cette semaine ou la prochaine, l’heure est aux conciliabules, aux négociations, et surtout au règlement de cette urgence impérative qu’est le levée des sanctions contre le Niger, dont les populations souffrent actuellement le martyre !

Tout est encore possible, en dépit des positions désormais diamétralement opposées AES-CEDEAO, à condition que la CEDEAO qui est quoiqu’on dise ou qu’on examine la question sous toutes les coutures, cette CEDEAO est en situation de faiblesse.

Certes, ce retrait va coûter bonbon aux populations des 3 pays, mais sans parler d’implosion de l’organisation de la CEDEAO, ce départ laissera des séquelles difficilement cicatrisables.

Le «jeune Faure est fort» dans ce dossier pour reprendre l’expression d’un connaisseur du microcosme sous-régional, et il faudra que la CEDEAO qui a mis balle à terre l’écoute. Que l’UA s’y mette avec une diplomatie souterraine, après tout c’est un problème africain qui l’interpelle également.

La REDACTION

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