Dlamini-Zuma-Ramaphosa :  Les dessous d’un  duel crucial

Dlamini-Zuma-Ramaphosa : Les dessous d’un  duel crucial

Le suspense est réel dans cette nation arc-en-ciel en apnée depuis quasiment 48 heures, pour élire le président du Congrès national africain (ANC), autrement dit celui qui sera le président en 2019, puisqu’il en a été ainsi depuis 1994, legs politique de cette formation historique, mais surtout de celui du thaumaturge sud-africain, Madiba. En lice pour ce

poste marche-pied vers le mandat suprême, deux duellistes : Nkosazana Dlamini-Zuma contre Cyril Ramaphosa. Jusqu’en début décembre 2017, c’était l’ex-présidente de la Commission de l’UA, Dlamini-Zuma qui semblait tenir la corde. Puis un «historique» de l’ANC, Cyril Ramaphosa émergea menaçant celle qui au physique de virago, aurait pu le terrasser en lutte au corps-à-corps. Le 6 décembre dernier, 1 862 fédérations de l’ANC faisaient chorus derrière cyril Ramaphosa contre 1 309 pour l’ancienne épouse de Jacob Zuma. 4 776 délégués sont alignés depuis hier pour désigner le patron de l’ANC, qui sera le candidat de ce parti pour l’échéance présidentielle dans 2 ans. Qui de Dlamini-Zuma ou de Ramaphosa sera oint par les 2 389 voix, suffrages requis pour l’emporter ? Certes, depuis quelques semaines, le vice-président, Cyril Ramaphosa a une avance sur sa rivale et le basculement dans la nuit de samedi à dimanche du président de l’Assemblée nationale, Mbaleka Mbete est de bon augure, pour le compagnon de Nelson Mandela, mais rien n’est joué et les dés sont loin d’avoir décidé… D’abord, le discours d’adieu de Jacob Zuma qui oscilla entre réquisitoire contre les pratiques mafieuses de son pouvoir et mise en garde à l’égard de tout ce qui menace l’ANC, sans jamais faire acte de contrition indique un peu les dessous de ce duel crucial pour l’Afrique du Sud. En refusant toute culpabilité dans les déchirements dont l’ANC fait l’objet, lesquels déchirements ont éclaté en 2007 avec un culminement ces derniers mois, l’ex-zoulou boy s’en lave les mains, et pire, il indexe, ceux qui se bousculent au portillon de sa succession, en particulier, l’aile Ramaphosa, jugée réformatrice, mais qui est aussi responsable de la situation du parti. D’où l’insignifiance du léger avantage de ce dernier qui  à bien des égards est un candidat naturel de l’ANC et pourrait être le visage d’une ANC unie à l’orée 2019. Néanmoins, il paraît évident que Dlamini-Zuma, se battra jusqu’au bout et forte du soutien des femmes de l’ANC et de plusieurs pontes du parti,  espère combler son retard. En effet, qui peut parier sur les voix des vétérans écartelés entre désir de reconnaissance envers Jacob Zuma qui aura été l’artisan de leur promotion, un Zuma dont le cœur ne peut battre que pour son ex-tendre moitié ? Quid de la Ligue des femmes de l’ANC et ceux de la jeunesse, orphelin d’un leader de la trempe de Julius Malema? En lame de fond, il s’agit bien d’un vote de l’ANC pour conserver le pouvoir, mais au-delà, il y va même de la survie de cette formation, gangrenée par les rivalités internes et la corruption. Bref, les résultats du scrutin et l’identité du gagnant seront déterminants, pour éviter à l’ANC l’élargissement du schisme, déjà perceptible, prémices à son implosion. En un mot comme en cent, les héritiers de Mandela jouent là,  leur responsabilité historique de ne pas vendanger les acquis de celui qui repose sur la colline de Qunu.

Sam Chris

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