«Le contingent du Royaume Uni quittera la mission de la paix de l’ONU au Mali, plus tôt que prévu». Ces propos sont de James Heappey, secrétaire d’Etat aux forces armées de la Grande Bretagne devant la chambre des communes. Raison invoquée par le ministre, la contre productivité du partenariat entre le gouvernement malien et Wagner. Et pour la stabilité à long terme dans la sous-région.
Comme un effet domino de la réarticulation de Barkhane du Mali, euphémisme pour signifier la poussée vers le départ de l’opération française par les putschistes du Mali, il y a comme un lâchage du même Mali par d’autres alliés, comme Takuba, et maintenant, le contingent britannique, bientôt celui de la Côte d’Ivoire, œuvrant dans la MINUSMA.
24 heures, en effet après l’annonce par le Royaume Uni qu’il n’attendra pas les 3 ans pour retirer ses hommes du sable malien dans le cadre de la MINUSMA, voici la Côte d’Ivoire qui emboîte le pas au pays de Charles II.
Evidemment, pas pour les mêmes raisons, car si la Grande Bretagne indexe la présence de Wagner au Mali qui serait inopérante et source de yoyo politique, la Côte d’Ivoire a un autre différend qui justifie ce retrait : l’épineuse question des 46 militaires ivoiriens qui poireautent depuis le 10 juillet 2022 en prison à Bamako pour «atteinte à la sûreté de l’Etat», selon les autorités maliennes.
Tout a été tenté pour régler ce problème d’Etat : chassés-croisés diplomatiques, désignation d’un négociateur officiel accepté par les 2 pays en la personne du président togolais, Faure Gnassingbé, même le putschiste guinéen, Mamadi Doumbouya s’y ait essayé. L’optimisme était de mise côté ivoirien et togolais car la libération des 46 proscrits était imminente. Las !
Fatiguées, un peu groggy et sûrement énervées, les autorités ivoiriennes ont décidé de faire rentrer leurs soldats de la MINUSMA. D’ailleurs, le sort actuel des 46 soldats ivoiriens est lié à cette MINUSMA, qui a aussi payé cher dans cette histoire.
Alors avec ce retrait annoncé, s’achemine-t-on vers une rupture des relations Abidjan-Bamako ? Ces 2 pays qui ont vécu des relations séculaires fraternelles, sont-ils en passe de couper les ponts ? Entre Alassane Ouattara et la junte au Mali, on le sait, c’est le «je t’aime, moi non plus», les rapports sont polaires et Bamako a toujours soupçonné Abidjan d’être le Sherpa de la France, et mieux, son exécuteur de coups tordus envers le Mali. Et à l’évidence, les sanctions de la CEDEAO contre le Mali restent toujours en travers de la gorge d’Assimi Goïta, et l’on croit mordicus au bord du fleuve Djoliba que le chef de l’Etat ivoirien sur instigation de la France serait à la base du terrible corset économique et financier.
Si l’on ajoute les salves des uns et des autres à la tribune de l’ONU en 2021 et 2022, la coupe semble pleine. Et même si l’on en n’est pas encore aux ruptures, le dossier des 46 soldats ivoiriens est révélateur qu’un ressort s’est cassé entre les 2 pays. Que faire pour ne pas en arriver aux rappels d’ambassadeurs, et tout ce qui constitue le gel des relations entre Abidjan et Bamako ? Le retrait de la Côte d’Ivoire de la MINUSMA est la tache d’huile qui se propage, laissant le tandem FAMa-Wagner seuls, se révèle avec comme des prémisses à une césure diplomatique. A moins d’un arrangement in extrémis
La REDACTION
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