Double scrutin en Afrique au Bénin et au Tchad : Quand un guerrier et un businessman tirent la démocratie vers le bas

Double scrutin en Afrique au Bénin et au Tchad : Quand un guerrier et un businessman tirent la démocratie vers le bas

Hier 11 avril 2021, les électeurs de 2 pays africains sont allés dans les isoloirs pour élire leurs présidents respectifs : le Benin et le Tchad. Au total, 12,5 millions d’électeurs pour ce double scrutin.

Et si les élections constituent un baromètre de toute démocratie, car c’est une compétition qui permet aux mandants que sont les populations de choisir les dirigeants qu’ils veulent, il arrive bien souvent sur le continent qu’il ait des votes-trompe-l’œil, des scrutins dont les résultats sont pipés d’avance, des victoires dont les électeurs seront floués. Cas du Bénin et du Tchad.

Passons sur les acquis et les réformes hardies dont on crédite le mandat de Patrice Talon. On a aussi glaisé sur l’indispensabilité de l’armée tchadienne dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, et le rôle central du Tchad dans le G5-Sahel, tout cela personne ne le nie.

Ce dont il est question ici, c’est la démocratie ou plutôt, les règles qui la régissent, qui ont été complètement changées ou dévoyées pour permettre à Talon et Deby de rester présidents.

Quand sous le couvert de mettre fin à une démocratie pagailleuse et démunie, Talon met le bâillon sur plus de 200 partis, via un code électoral censitaire (2 ou 3 partis de la majorité présidentielle sont légalisés), quand il impose le parrainage de 16 élus pour être candidat tout en sachant que l’opposition ne dispose d’aucun à l’hémicycle, quand il cravache sous le coup de lois iniques le FCBE de Boni Yayi et poursuit via la Cour de répression contre l’enrichissement et le terrorisme (CRIET) les Sébastien Ajavon, Komi Koutché et autre, Reckya Madougou et in fine en se faisant à cette présidentielle accompagner par deux comparses Alassane Soumano et Corentin kohoué, ce n’est ni plus, ni moins qu’un coup de canif à cette démocratie béninoise exemplaire.

C’est du jamais vu dans l’ex-quartier latin de l’Afrique de l’Ouest, car même dans les années 90, le révolutionnaire marxisant et vaudouisant Mathieu Kérékou,  s’est laissé toucher par les grâces de la démocratie en acceptant d’être brûlé le 4 avril 1991 par le feu des isoloirs pour revenir le 4 avril 1996 plus tard par la même loi des urnes.

Alors comment comprendre que Talon, celui qui a fait fortune dans le Coton, grâce d’ailleurs à Boni Yayi, veuille faire des reformes, soit mais sur le socle poreux de la démocratie ? Hier en tout cas, même si dans la capitale économique Cotonou, le vote s’est déroulé dans le calme, au Centre-Nord à Savé et Tchaourou, fief de Yayi Boni, on a dénombré  deux (2) morts et des bureaux de vote ont dû fermer ou n’ont pas ouvert.

A des milliers de kilomètres de Porto-Novo, dans un autre pays sahélien, un autre président qui totalise lui 30 ans de règne s’est offert encore hier son 6e bail de 6 ans : le maréchal Idriss Deby. Election insipide, sans enjeu, car ne comportant aucune part d’indétermination, car ici, le président-sortant lui n’a pas mis les manières comme celle plus élaborée par Talon.

Intimidations, emprisonnements, tentative d’assassinat comme du 21 février dernier contre Yaya Dilo et surtout tranquille sous l’ombre bienveillante de la communauté internationale, géostratégie impose, adossé à tous ces atout «IDI» règne sans partage sur le Tchad depuis 1990, tout en organisant des scrutins bidon pour donner l’illusion de la démocratie.

Deux pays africains, deux élections de pacotille, et même si l’on tient compte que l’Occident a mis plus d’un siècle avant l’institutionnalisation de ce mode de gouvernement, ce genre de recul de la démocratie est à dénoncer, car depuis quelques années, l’Afrique a fait un bon prodigieux en la matière.

Certes les raccourcis militaires ont la vie dure comme on l’a vu le 18 août 2020 au Mali, avec le renversement d’IBK ou encore la tentative avortée le 31 mars dernier au Niger, certes des satrapes sont toujours accrochés à leur fauteuil mais globalement la démocratie respire mieux sur le continent. Faisons en sorte qu’elle ne s’étouffe pas !

C’est pourquoi ces deux pseudo présidentielles du Bénin et du Tchad offrent une image insolite et rétrograde de cette marche réversible vers la démocratie-tradition et de plus en plus les Africains doivent se l’approprier .

La rédaction

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