Dr Boureima Ouédraogo, urologue : «La fréquence des éjaculations diminue le risque du cancer de la prostate»

Dr Boureima Ouédraogo, urologue : «La fréquence des éjaculations diminue le risque du cancer de la prostate»

 

Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l’homme. Il survient le plus souvent chez des hommes âgés. Plus de 80% des cancers prostatiques sont diagnostiqués chez les hommes de plus de 60 ans. Mais bien qu’il soit une maladie du sujet âgé il peut survenir chez le sujet jeune de moins de 50 ans. Selon Dr Boureima Ouédraogo, urologue au Centre hospitalier universitaire de Tengandogo (CHU-T), c’est le premier cancer urologique au Burkina. En 2018, l’incidence hospitalière était de 1,38 pour 100 000 habitants. Cette incidence est actuellement en augmentation croissante. Lisez !

 

C’est quoi la prostate ?

 

La prostate est un organe génital masculin situé sous la vessie, en avant du rectum et traversé par l’urètre. Elle produit un liquide qui est expulsé avec les spermatozoïdes lors de l’éjaculation.

 

Qu’est-ce que le cancer de la prostate et quels sont ses premiers symptômes ?

 

Le cancer de la prostate se développe dans les cellules de la prostate à partir d’une cellule initialement normale qui se transforme et se multiplie de façon anarchique pour former une tumeur maligne.

Le cancer de la prostate à un stade précoce ou localisé est asymptomatique (le patient ne présente aucun signe).

A un stade localement avancé ou métastasé il devient symptomatique.

Les symptômes les plus courants sont :

– Pollakiurie : une augmentation de la fréquence d’uriner pendant la journée et/ou la nuit ;

– Dysurie : qui peut se manifester sous forme de difficulté à démarrer la miction, de faiblesse du jet mictionnel, de miction en plusieurs temps, de sensation de vidange incomplète de la vessie ;

– Rétention d’urine complète ou incomplète : impossibilité totale d’uriner malgré un besoin pressant ;

– Hémospermie: présence de sang dans le sperme ;

– Hématurie : présence de sang dans les urines ;

– Douleurs osseuses : surtout au niveau du dos et de la hanche.

 

Quelles sont les causes de cette maladie ?

 

La cause exacte du cancer de la prostate n’est pas encore connue mais plusieurs facteurs de risques ont été identifiés.

– L’âge : le risque de cancer de prostate augmente après 50 ans.

– L’origine ethnique : les sujets de race noire ont un risque plus élevé d’avoir un cancer de la prostate que les sujets de race blanche et les asiatiques.

– Les antécédents familiaux de cancer de la prostate : il a été́ prouvé qu’il existait une prédisposition familiale au cancer de la prostate, notamment chez les hommes dont les pères ou les frères sont ou ont été́ touchés.

– Le régime alimentaire : il est difficile de savoir si le régime alimentaire et le mode de vie jouent un rôle dans le développement du cancer de la prostate. Certaines études suggèrent qu’une alimentation riche en viande rouge ou en produits laitiers augmente légèrement le risque de développer un cancer de la prostate. L’obésité́ augmente également le risque d’avoir un cancer de la prostate.

– Le mode de vie : le tabagisme peut augmenter légèrement le risque de cancer de la prostate.

 

Que répondez-vous à ceux qui disent que le cancer de la prostate est une maladie de vieux ?

 

Le cancer de la prostate est une maladie du sujet âgé. Plus de 80% des cancers prostatiques sont diagnostiqués chez les hommes de plus de 60 ans.

Bien qu’il soit une maladie du sujet âgé il peut survenir chez le sujet jeune de moins de 50 ans.

 

Avoir fréquemment des rapports sexuels augmente-t-il le risque de le contracter comme l’affirment certains ?

 

Les résultats d’études fiables sur le plan méthodologique montrent que plus un homme avait d’éjaculations (qu’elles surviennent lors d’un rapport ou de la masturbation), plus il diminuait son risque de cancer de la prostate. C’est pour dire que ce n’est pas le nombre de rapports sexuels qui diminue le risque mais plutôt la fréquence des éjaculations.

 

Est-il mortel ?

 

Le cancer de la prostate comme tout autre cancer est mortel si le diagnostic est fait tardivement. Si le diagnostic est fait à un stade précoce on peut en guérir.  

 

Quelle est l’ampleur de la maladie au Burkina ?

 

Le cancer de la prostate est le premier cancer urologique au Burkina. En 2018 l’incidence hospitalière était de 1,38 pour 100 000 habitants. Cette incidence est en augmentation croissante.

 

Qu’en est-il des mesures de prévention ?

 

Une alimentation riche en lycopènes issues des tomates et en sélénium, un minéral qui se trouve principalement dans les viandes, les poissons, les fruits de mer, les œufs et les céréales, diminuerait légèrement le risque de contracter le cancer de la prostate.

 

Quels sont les traitements disponibles pour le cancer de la prostate ?

 

Le traitement est fonction du stade d’évolution du cancer. Les principales modalités thérapeutiques sont la chirurgie, la radiothérapie et l’hormonothérapie. Les traitements peuvent être utilisés seuls ou associés les uns aux autres.

– Quand le cancer est localisé le traitement consiste à aller enlever ou détruire toute la tumeur ;

– Quand le cancer est localement avancé, le traitement consiste à enlever toute la tumeur et de réduire le risque de récidive en associant une hormonothérapie ;

– Quand le cancer est métastasé, le traitement consiste à ralentir le développement de la tumeur en faisant une hormonothérapie.

Interview réalisée par Boureima SAWADOGO

 

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