Dr Denis Mukwege, candidat à la présidentielle en RDC : Mauvaise pioche en perspective pour «le réparateur de femmes» !

Dr Denis Mukwege, candidat à la présidentielle en RDC : Mauvaise pioche en perspective pour «le réparateur de femmes» !

Réparateur des femmes, le Dr Mukwege a décidé de réparer la RDC. Le Prix Nobel de paix 2018 a décidé hier 2 octobre de franchir le Rubicond : il sera candidat à la présidentielle du 20 décembre 2023. Il veut quitter ses patientes de l’hôpital de Parci pour le palais de la Nation de Kinshasa.

Du serment d’Hypocrate qu’il a respecté au prix de sa vie, plusieurs tentatives d’assassinat, gardé par les casques bleus de la MONUSCO, il veut à présent prêter serment sur la Constitution.

Alors, il dépose son dossier dans la vague des candidatures, une bonne fournée ce week-end, et en attendant le tamis de la Cour constitutionnelle. On sentait la chose venir, depuis ce 16 septembre 2023, jour où il a rassemblé les 100 000 dollars écots de ses partisans, représentant la caution requise par la CENI pour tout candidat. Si on ajoute les objurgations de ses soutiens, les appels de pied de certains intellos, il était difficile à celui que le film du réalisateur belge Thierry Michel a révélé comme le cicatrisateur des viols de femmes dans cet Est incandescendant de la RD Congo.

«J’accepte d’être candidat à la présidentielle de la République», paroles du DR Mukwege devant des ouailles survoltés à Bukavu. Et se moulant dans sa blouse blanche de toubib, il a brossé un tableau clinique peu reluisant de la RDC, qui «va mal» et il faut sauver, le sauver ici et maintenant, car «Demain, ce sera tard, c’est pourquoi, je suis prêt, j’y vais maintenant».

Le Dr Mukwege veut donc lâcher bistouri et scalpel pour la politique. On dit souvent que si vous ne faites la politique, c’est la politique qui vous fera. A 68 ans et après un tel itinéraire, il est normal et légitime que le «Dr des femmes» songe à autre chose.

Pour nous, c’est une mauvaise option, une mauvaise pioche. D’abord, parce qu’il n’a pas d’appareil rodé, même s’il est soutenu par une coalition l’Alliance des Congolais pour la refondation de la Nation (ACRN) et une organisation de la société civile, «l’Appel patriotique». Mais que pèsent ces 2 structures face à la majorité présidentielle de Félix Tshisekedi, qui veut rempiler ? Quelles chances du docteur face aux vieux caïmans du fleuve Congo que sont les katumbi, Muzito, et autre Fayulu ? Mince, car la popularité dont il jouit, n’est pas forcément transposable sur le terrain fangeux de la politique, domaine par excellence des peaux de banane et autres chausse-trappes !

Ensuite, si même par extraordinaire, il se faisait élire en décembre prochain, avec qui il va gouverner ? Forcément, il puisera son personnel soit dans le camp de la majorité ou de l’opposition. A moins qu’il décide de gouverner avec la société civile uniquement, scénario improbable. En politique, il n’y a pas de génération spontanée.

Partons même de l’hypothèse qu’il soit un faiseur de roi, si tant qu’on peut parler en l’espèce qui est un scrutin uninominal majoritaire à 1 tour. Sans tomber dans le pessimisme noir ou jouer au mauvais augure, en se lançant dans cette équipée politique, le Dr Mukwege a beaucoup à perdre : il n’est pas sûr de gagner, il sera connu dans le landerneau politique, très exposé à présent, il pourra être atteint par ses adversaires politiques. Et même s’il était élu le 20 décembre, il décevra forcément, car un hôpital est différent de ce pays-continent, difficilement gouvernable avec une classe politique aguerrie, au cuir bien tannée. Et même suprême risque, il pourrait vendanger son envergure iconique dans cette aventure. Mauvaise pioche en perspective pour le réparateur de femmes, qui aurait pu trouver un autre créneau pour bonifier ce qu’il a engrangé en valeurs intrinsèques et capital de sympathie.

 

La REDACTION

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