Dr Dénis Mukwege et l’activiste Nadia Murad nobélisés de la Paix 2018 : Un désavœu des crimes sexuels de guerre des mater dolorosa

Dr Dénis Mukwege et l’activiste Nadia Murad nobélisés de la Paix 2018 : Un désavœu des crimes sexuels de guerre des mater dolorosa

L’un est docteur de RD Congo, plus précisement réparateur de femmes, l’autre Irakienne, Yezidie plus exactement, est une miraculée des barbaries de l’Etat islamique en Irak, transmutée en activiste et, par le vœu du comité suedois, un même destin  lie désormais les deux : hérauts mondiaux de la lutte contre les violences sexuelles, en tant qu’armes de destruction massive dans les guerres.

Lui, c’est bien sûr, le docteur Denis Mukwege, elle, c’est Nadia Murad, distingués le 5 octobre 2018 par le cénacle du Nobel. Deux destins singuliers, deux parcours particuliers qui se rejoignent, par la force d’une abjection longtemps, reléguée au rang d’épiphénomène, voire de pratiques négligeables : les viols comme armes de guerre.

Lorsque le 29 juin 2014, le Groupe de l’Etat islamique en Irak et au Levant (Daesh) dirigé par Abou Bakr-Al Bagadadi, annonçait la création d’un califat, sur un territoire de 200 000 km2 à califourchon entre  l’Irak et la Syrie, il édictait en même, ce qui allait avec dans cet empire moyenâgeux : tueries en masse, enrôlement d’enfants, et surtout viols, et violences des Kurdes et des Yezidies.

En labélisant la célèbre violée, vendue de Mossoul, porte-parole des femmes Yezidies, et ambassadrice de bonne volonté de l’ONU, les exécuteurs testamentaires d’Alfred Nobel, envoient un signal fort à tous les obscurantistes drapés dans leurs oripeaux de faux croyants, et tourmenteurs de l’autre moitié du ciel.

Choix judicieux s’il en est, car il n’y a pas meilleure avocate de ces femmes yézidies et kurdes meurtries physiquement et psychologiquement que l’ex-suppliciée de Sinja et survivante du joulag sexuel de Daesh.

Quant au fondateur de l’hôpital de Panzi dans le Sud-Kivu, où il vit le jour il y a 63 ans, il est le courage et la conviction faits homme. Car il aurait pu se contenter d’un poste de toubib tranquille en France, où il a étudié ou même ailleurs, ou simplement à Kinshasa. Non il a préféré ce Sud-Kivu ou la mort est trop facile (lui-même est gardé 24h/24 par la MONUSCO)

la violence omniprésente, et surtout la prégnance d’une guerre où les femmes, sont devenues des objets de cette dernière : cyniquement, méthodiquement et systématiquement, les militaires, et autres spadassins ont érigé la sauvagerie des mutilations génitales, comme, on use d’une kalachnikov ou d’un AK47. En s’acharnant de façon barbare sur ces martyres congolaises et yézidies, ces criminels de RDC et de l’EI, savent bien, toute la destruction qu’ils engendrent par cette monstrueuse ignominie.

Viols, empalements de fillettes, de femmes, de filles et de vieilles femmes à grande échelle, ont transformé le Kivi en enfer sur terre pour des milliers de femmes, lesquelles ont trouvé en docteur Denis Mukwege, le messie.

En plusieurs années, c’est 50 000 femmes et filles qui ont été «réparées» sexuellement grâce aux nouvelles techniques de réparations génitales du Dr Mukwege, c’est 50 000 femmes et filles qui ont retrouvé le goût de vivre, c’est 50 000 porteuses de cette RD Congo, qui ont survécu. Avec ce prix Nobel de la Paix, plus la dizaine d’autres prix engrangé par le celebre disciple d’Hypocrate de RDC, c’est une reconnaissance internationale décernée à un médecin-humaniste, à un homme de sacerdoce, à tout simplement  un homme utile pour son pays .

Cette mobilisation conjointe, a valeur de mise en garde contre tous ceux qui, pendant longtemps ont toujours relégué ces crimes sexuels sur les théâtres de guerre comme des pratiques normales, et même à négliger. C’est une invite à toute justice de regarder désormais vers ces milliers de mater dolorosa (mère et fille douleur), qui sont des victimes de guerre, mais aussi des armes de guerre lesquelles victimes pendant longtemps recroquevillées dans leur posture christique ont trouvé en ces deux Nobel, une voix, celle de la mauvaise conscience de leurs bourreaux. L’esprit du Nobel de la Paix a cela ici de vigie, car il met le doigt sur un grave problème humanitaire.

Les deux nobélisés menaient à des milliers de kilomètres de distance, chacun le même combat : qu’on reconnaisse le tort fait à ces femmes, là où suprême sacrilège,  elles donnent la vie, surtout, qu’on leur rende justice. Et en ce qui concerne le docteur Denis Mukwege, ce Nobel aura un goût d’inachevé si «ces femmes et filles réparées» n’obtenaient pas gain de cause dans le box. Et pour cela, il enlève souvent sa blouse blanche pour endosser, le costume du politique et sa voix retentit alors du fond de cette forêt kivuenne, comme celle de Soljenitsine en 1953 depuis le goulag russe. Le combat continue donc pour le réparateur de femmes, et sans doute pour son alter ego  irakienne.

Zowenmanogo ZOUNGRANA

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR