Dr Julie Kyelem : «On ne guérit pas de la maladie  de parkinson»

Dr Julie Kyelem : «On ne guérit pas de la maladie  de parkinson»

James Parkinson a décrit pour la première fois ses symptômes en 1817 et l’a appelé «paralysie agissante». Ensuite, c’était au tour de Jean Martin Charcot en 1872 de compléter sa description en lui donnant le nom de «maladie de parkinson». Selon Dr Julie Kyelem épouse Kafando, neurologue au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO), des personnalités célèbres ont contracté cette maladie non guérissable : le boxeur américain Mohamed Ali et le Pape Jean Paul II.

Qu’est- ce que la maladie de parkinson ?

La maladie de Parkinson est une maladie neurologique dégénérative qui est responsable d’une destruction progressive des neurones produisant la dopamine dans une zone du cerveau appelée du locus niger ou d’autres noyaux gris centraux.

Quels sont ses premiers symptômes ?

Les symptômes sont essentiellement moteurs c’est-à-dire touchant les mouvements  avec trois signes principaux.

 Un tremblement qui prédomine surtout aux extrémités. La particularité est que c’est un tremblement que  le malade observe lorsqu’il ne fait rien (quand il est au repos) et disparait lors du mouvement. Ces tremblements concernent les membres (main, pied), la mâchoire.

Le deuxième signe caractéristique c’est la bradykinésie et l’akinésie. La bradykinésie c’est une lenteur dans l’exécution des mouvements. «Le malade est lent, il marche à petits pas, tout ce qu’il fait est au ralenti). Quant à l’akinésie, c’est une rareté de mouvements. Le malade a un visage inexpressif. Il cligne rarement les yeux. Une perte de la dextérité est aussi observée : le malade aura du mal à boutonner ses chemises, à se raser et même à écrire».

 Le troisième signe c’est la rigidité c’est-à-dire une raideur dans l’exécution des mouvements. Au niveau du tronc c’est comme si le malade est soudé, il se plie en deux, la tête et le tronc penchés en avant et les bras collés le long du corps. «Et  il ne balance plus les bras lorsqu’il se déplace».

Qu’est-ce qui provoque cette maladie ?

Il y a des facteurs génétiques qui sont responsables de la maladie de parkinson surtout dans la forme familiale. Des mutations sur chromosome 4 et le chromosome 6 ont été identifiées. La recherche continue afin d’identifier d’autres gènes ou facteurs prédisposant. Des facteurs environnementaux sont aussi en cause par exemple à l’utilisation de certaines substances toxiques telles que le MPTP. Certains métaux lourds et pesticides sont également suspectés.

Est-elle héréditaire ?

Les formes génétiques  sont héréditaires. Nous avons des formes héréditaires dominantes qui signifient que la maladie ne peut pas sauter une lignée dans la famille. Les grands parents, les parents, les enfants seront touchés à des degrés différents. Les formes héréditaires récessives c’est-à-dire que la maladie s’exprime à une moindre mesure pouvant faire des sauts de générations.

Pouvez-vous nous faire l’historique de la maladie de parkinson ?

C’est James Parkinson qui a décrit pour la première fois les symptômes de la maladie en 1817 et l’a appelé la paralysie agissante à cause des tremblements. Ensuite, c’est au tour de Jean Martin Charcot en 1872 de compléter  la description de la maladie pour lui donner le nom de «maladie de parkinson». Des personnalités célèbres ont contracté cette maladie tel le boxeur américain Mohamed Ali et le Pape Jean Paul II.

Comment évolue t-elle ?

C’est une maladie caractérisée par des troubles moteurs. Sans traitement, elle conduit à une perte d’autonomie. Le malade qui marche à petits pas va avoir des difficultés à se déplacer. De plus en plus, il sera confiné dans un fauteuil puis au lit car il y aura une rigidité permanente, une rareté  et pratiquement  une absence de mouvements. En plus de la perte d’autonomie, l’évolution de cette pathogène peut provoquer une  détérioration mentale.

Qu’elle doit être l’alimentation pour une personne  atteinte  de parkinson ?

Il n’y a pas un régime spécial ou des aliments qu’il faut éviter. Une personne atteinte de parkinson doit prendre régulièrement ses médicaments. Mais compte tenu de la rareté des mouvements, le tube digestif peut être paresseux avec des constipations fréquentes. Généralement, nous conseillons à ces derniers de prendre des fruits et autres aliments permettant d’éviter la constipation.

Quelles peuvent être les complications de cette pathogène?

Au niveau des complications, il y a celles liées à la maladie elle-même : la perte d’autonomie, la dépression qui se manifeste surtout chez les jeunes patients. Il y a aussi des complications liées au traitement. En effet, le traitement peut avoir des effets secondaires étant entendu que c’est un traitement à vie une fois le diagnostic posé. Ainsi, on peut avoir des hallucinations, des fluctuations d’efficacité liées au traitement.

Quelle espérance de vie avec la maladie de parkinson ?

La maladie de parkinson n’impacte pas généralement sur l’espérance de vie mais sur la qualité de vie. Tant que le malade suit correctement son traitement,  l’espérance de vie est généralement longue. Toutefois, le taux de mortalité chez les patients jeunes est plus élevé que chez les patients âgés.

Quelle est sa prévalence actuelle dans notre pays?

De façon nationale nous n’avons pas de chiffres. Mais sur le plan de la population  générale, c’est environ 2 patients pour 1000 habitants. C’est une maladie qui peut survenir à tout âge avec un pic de fréquence qui se situe entre 55- 65 ans. Et les chiffres qui sont à notre disposition  sont des chiffres hospitaliers.

Est-elle connue du public ?

Elle est connue. Lorsque les patients viennent vers nous ils ont l’habitude de dire qu’ils ont la tremblote. C’est le terme qu’ils emploient. Ce n’est pas forcément la maladie de parkinson car il y a plusieurs types de tremblements qui ne sont pas liés à la maladie de parkinson.

Parlez- nous des différents traitements 

Comme la maladie conduit à une dégénérescence de cellules produisant de la dopamine (une substance importante pour le cerveau), le traitement va consister à administrer de la dopamine au malade sous forme de médicament .Il y a également les agonistes à la dopamine qu’on va prescrire au malade qui délivrera  la dopamine manquante et réduire  ainsi les symptômes. Une fois qu’on  commence le traitement c’est pour la vie. « On ne doit plus l’arrêter». Quant aux molécules, elles sont disponibles dans les pharmacies, c’est peut-être le coût qui empêchera certains de suivre le traitement comme il se doit.

Peut-on en guérir ?

On ne peut pas guérir de la maladie de parkinson. Comme dit précédemment, c’est une maladie dégénérative qui conduit à une perte neuronale progressive. Et on ne peut pas empêcher cette détérioration. On la traite en essayant d’améliorer le confort du malade mais on ne guérit pas de la maladie de parkinson.

Avez-vous autre chose à ajouter ?

Face au signe que nous avons cité tels que : les tremblements, les difficultés à se mouvoir avec une marche à petits pas, une rareté de l’expression faciale, des difficultés à écrire, il ne faut pas hésiter à consulter un spécialiste. Quand  le  traitement commence tôt, on empêche l’évolution vers une perte d’autonomie définitive.

Propos recueillis par Boureima SAWADOGO

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR