La période de l’harmattan qui va de fin novembre a mi-mars, est caractérisée chaque année au Burkina Faso par l’émergence des maladies respiratoires tel le rhume avec comme symptômes : écoulement nasal, éternuements, obstruction nasale, larmoiements, anosmie… Est-il nécessaire de se faire consulter pour un «simple» rhume ? Quelles sont les autres maladies liées à l’harmattan ? Comment se prémunir de ces maladies ? Etc. Autant d’interrogations auxquelles Dr S. O Narcisse Comboïgo, médecin généraliste au Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) de Manga apporte des éléments de réponses.
Qu’est-ce que le rhume ?
Le rhume, aussi appelé rhinite ou rhume de saison est une infection des voies respiratoires supérieures (le nez, les voies nasales et la gorge) d’origine virale évoluant depuis moins de trois semaines. La fréquence du rhume chez les adultes est en moyenne de 2 à 3 fois l’année. Par contre, elle plus élevée chez les petits enfants.
Il s’agit dune infection très contagieuse qui se propage par les éternuements ou la toux (transmission de fines gouttelettes) ou parfois lors des poignées de main.
Quels peuvent être ses symptômes ?
Comme symptômes nous pouvons avoir un écoulement nasal (bilatérale profuse claire au début, puis devient épais, voire jaunâtree), des éternuements, une obstruction nasale, des larmoiements, une anosmie (perte de l’odorat), parfois dysgueusie (trouble du goût).
Il y a aussi d’autres symptômes non spécifiques à savoir l’autophonie, la respiration par la bouche et bruyante, les ronflements.
Généralement, on peut avoir une fièvre, des céphalées (maux de tête), des courbatures et une fatigue (asthénie).
Quelle est la différence entre le rhume et la grippe ?
A l’inverse du rhume, la grippe présente des symptômes plus accentués et plus grave. C’est une infection potentiellement mortelle en particulier pour les sujets à risque. Il est causé par le virus influenza qui est de trois types (A, B et C) tandis que pour le rhume il a été identifié près de 200 virus. La grippe peut être prévenue par la vaccination.
Doit-on se faire consulter pour un «simple» rhume ?
Dans la majorité des cas, le rhume disparait spontanément. Il n’y a pas de traitement qui permet de se débarrasser du rhume. A cet effet, un ainé, pour ironiser, disait que le rhume quand tu le soignes il fait une semaine, mais quand tu ne le soignes pas il fait 7 jours. Qu’à cela ne tienne, il est nécessaire de consulter car il existe des traitements qui permettent de rendre le rhume moins pénible en soulageant les symptômes et aidant à prévenir les éventuelles complications.
Quelles sont ses complications possibles ?
L’affection est spontanément résolutive entre 7 à10 jours dans la majorité des cas. Mais, l’évolution peut être émaillée de complications qui peuvent être :
– des complications locales : surinfection bactérienne voire des saignements du nez ;
– Des complications loco-régionales comme les sinusites, les infections de l’oreille moyenne, une bronchite, une pharyngite ou encore une pneumonie, etc.)
Qu’en est-il chez les enfants ?
Les symptômes du rhume chez l’enfant sont similaires à ceux de l’adulte, et on peut noter un refus de tété chez le nourrisson et les nouveau-nés. Vu l’immaturité du système immunitaire chez ces derniers, les surinfections sont fréquentes et la congestion nasale (obstruction nasale) peut aller jusqu’a entrainer une détresse respiratoire qui est une urgence médicale.
Pouvez-vous nous citer d’autres maladies liées au froid ?
Nous avons la pneumonie, la bronchite, la grippe, la bronchiolite, la sunisite …
Harmattan et maladies respiratoires quel lien ?
Avant d’établir un lien entre les maladies respiratoires et l’harmatan, il faut rappeler le fonctionnement ou le rôle du nez (fosse et muqueuse nasale).
Le nez joue un rôle dans la respiration, en conduisant l’air et en intervenant dans le réchauffement, l’humidification et le filtrage de cet air. Il a aussi une fonction olfactive et intervient dans la résonance de la voix. La muqueuse nasale joue également un rôle de protection. L’harmattan favorise l’assèchement de cette muqueuse affaiblissant sa barrière protectrice, ce qui augmente le risque de survenue d’infection. L’harmattan à travers la poussière transporte de nombreux microbes, ce qui pourrait expliquer l’augmentation des infections respiratoires pendant cette période.
Comment se prémunir de ces maladies ?
Pour se prémunir des maladies liées à l’harmattan, il faut agir sur les facteurs favorisants en portant un masque filtrant qui empêche la diffusion virale, avoir une bonne hygiène nasale…
Les conseils que nous avons à donner à la population en cette période, c’est de se protéger contre le froid et la poussière. De façon pratique, il s’agit de s’habiller chaudement. Il faut également songer à hydrater la peau et les muqueuses nasales. Dans notre contexte, nous avons le beurre de karité qui est efficace et accessible à tous. Nous recommandons aussi de bien laver les fruits et légumes avant de les consommer .
Interview réalisée par Boureima SAWADOGO
COMMENTAIRES