Drame de Yirgou : Trois mois après, le collectif contre l’impunité réclame toujours justice

Drame de Yirgou : Trois mois après, le collectif contre l’impunité réclame toujours justice

Le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) a animé un point de presse, le jeudi 11 avril 2019 au Centre national de presse Norbert Zongo, pour informer les journalistes sur l’avancement du dossier judiciaire du drame de Yirgou, trois mois après. Pour le Collectif, si jusqu’à présent aucun suspect n’a été arrêté c’est parce qu’il y a un manque de volonté politique.

1er janvier-11 avril 2019, cela fait 100 jours qu’ont eu lieu les massacres de Yirgou et ses environs. C’est suite à l’assassinat du chef de village, des membres de sa famille et deux membres du groupe d’autodéfense Koglwéogo par des individus armés non identifiés, que les Koglwéogo ont mené une expédition punitive contre la communauté peule accusée de complicité avec les terroristes. Trois mois après, aucune action n’est visible sur le terrain. Afin d’informer les journalistes sur l’avancement du dossier judiciaire, le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), a animé un point de presse, le jeudi 11 avril 2019, au Centre national de presse Norbert Zongo. Il constate avec amertume que jusqu’à présent aucun suspect n’a été arrêté alors que le procureur de Kaya, affirme qu’au stade actuel de l’enquête, 130 suspects sérieux ont été identifiés comme étant des personnes ayant participé aux massacres. Le Collectif pense qu’il y a un manque de volonté politique de procéder à leur arrestation.

En outre, le CISC salut la promptitude avec laquelle le gouvernement a déployé de grands moyens humanitaires dans la commune de Kelbo pour assister les victimes de Yirgou et de Gasséliki. Cependant, il tient à informer l’opinion que malgré les interpellations, plus de 5 000 victimes et déplacées sont dans une détresse humanitaire et sécuritaire à Kelbo, particulièrement à Belegagnanguel, où 2100 victimes directes de Yirgou sont entassées sans assistance. De ce fait, Dr Daouda Diallo, appelle le gouvernement à prendre en compte ces déplacés.

De la situation d’Arbinda

Pour le Collectif c’est parce que l’Etat a fait preuve de mollesse dans le traitement du dossier de Yirgou que les «milices» n’ont pas hésité à récidiver avec la même atrocité à Arbinda. Dr Diallo explique que c’est après là l’assassinat d’un chef religieux, que des membres de la milice et une partie de la population ont organisé une expédition punitive contre d’autres citoyens qu’ils considèrent comme des terroristes (communauté peule). Le Collectif estime que la réaction de l’Etat n’est pas à la hauteur des attentes.

«Le décompte macabre du gouvernement fait ressortir 62 morts. Mais les informations recoupées du CISC font état de plus de 100 morts», a déclaré Dr Diallo. C’est pourquoi, il appelle à la responsabilité de l’Etat burkinabè. Pour lui, la stigmatisation d’une communauté ne saurait être une stratégie dans la lutte contre le terrorisme car «aussi bien dans la communauté peule que dans les communautés mossi, touareg, bobo, Sénoufo…, il y a des égarés», a-t-il lâché. A l’écouter, la stigmatisation pourrait pousser certains compatriotes dans les bras des terroristes qui se présentent comme leurs protecteurs contre les FDS. Il prie donc le gouvernement d’assurer la sécurité de l’ensemble des Burkinabè sans exception.

Des exécutions sommaires

Dans le communiqué de l’état-major général des armées en date du 4 février 2019, il annonçait avoir neutralisé 146 terroristes suite à une riposte suivie d’opération de ratissage dans les départements de Kain, Banh et de Bomboro. Au lendemain de ce communiqué, le Collectif affirme que des parents de victimes ont donné une autre version des faits. Selon eux, c’est la troisième fois depuis 2016 que les FDS commettent des exécutions extra-judiciaires dans leur village. Selon eux, dans la nuit du 3 au 4 février, des hommes en armes vêtus des tenues des FDS ont pris des hommes dans leurs habitations en présence de leurs femmes et enfants  et ont été tués sans aucune forme de procédure. A la suite de ce massacre de Banh, le Collectif dit recevoir depuis le 4 février des plaintes de populations sur des exécutions sommaires dans la région de la Boucle du Mouhoun et de l’Est.

Il se dit inquiet car rien ne peut justifier ces exécutions extra-judiciaires. A cela, s’ajoute les atrocités et crimes commis par les groupes terroristes. En effet, depuis 2016, les terroristes endeuillent le peuple burkinabè. Et selon le dernier rapport de Human right wash (HRW), en mars 2019, plus de 40 civils ont été tués par les terroristes entre mi 2018 et fin février 2019. Les populations dénoncent le fait d’être pris en étau entre d’un côté les islamistes armés qui menacent d’exécuter ceux qui collaborent avec le gouvernement et de l’autre les forces de sécurité. Au regard de la situation, le collectif exige que justice soit faite sur le double crime de Yirgou et Arbinda.

Il souhaite aussi que cesse immédiatement les exécutions extra-judiciaires en cours. En sus, il demande que des enquêtes indépendantes soient ouvertes pour situer les responsabilités sur les crimes commis à Banh et autres localités du Nord, dans la Boucle du Mouhoun et l’Est du Burkina Faso. Par ailleurs, il recommande qu’un débat national sur les questions du terrorisme et des milices d’auto-défense soit organisé.

PO

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