DSN, réélu à 88,57% à hauteur d’homme au Congo : Ad vitam aeternam !

DSN, réélu à 88,57% à hauteur d’homme au Congo : Ad vitam aeternam !

88,57% à hauteur d’homme, tel est le score que la commission électorale a crédité Denis Sassou N’Guesso (DSN) pour la présidentielle tenue le 21 mars dernier, il est suivi du défunt Guy Parfait Kolelas avec 7,84% et Mathias Dzon 3e avec 1,90%, le tout avec un taux de participation de 67,55%.

En vérité, il fallait porter des œillères pour croire que le toilettage de la Constitution le 25 octobre 2015, a été fait seulement pour la forme, non en fait, en le vernissant d’un référendum, Sassou calait encore les horloges du pouvoir à zéro, et peut donc régenter le Congo jusqu’en 2031.

A vrai dire l’inventaire de cette présidentielle a fait d’abord ressortir la persistance de cette arlésienne qu’est l’introuvable candidature unique de l’opposition, encore qu’ici au Congo-Brazza, cela aurait pu ne rien signifier. Le seul qui aurait pu gêner étant le général Mokoko. Ensuite, DSN connaît la topographie politique du Congo du bout des doigts, une suprématie qu’il a sur ses concurrents. Et si on n’a pas l’opposition la plus bête du monde, ni la plus faible, elle pèse le poids d’un moineau face au rouleau compresseur du PCT.

Jean-Marie Mokoko écroué, ainsi que André Okombi Salissa, et Claudine Munari absente, il ne reste que Guy Parfait Kolelas, qui ne saurait contrebalancer, celui qui est en passe d’être un monarque républicain. Cette «tentation du devoir» que DSN a chevillé au corps, et qui fait qu’il ne veut pas «lâcher» le Congo aux mains d’aventuriers, est en soi noble, mais à 77 ans dont 37 scotché au fauteuil, avec 4 élections remportées toutes sans coup férir, fait poser la question qui gêne aux entournures : si durant quasiment les 40 ans de pouvoir, il n’a pas pu réaliser les chantiers qui lui tiennent à cœur, que pourra-t-il avec 1 ou 2 quinquennats de plus ? Qu’est-ce que le jeune et fringant militaire parachutiste de jadis touché par la grâce de la démocratie par la suite n’a pas pu faire dans les années 80, 90 et 2000, qu’il pourrait faire aujourd’hui ?

A titre de comparaison, la même question avait été posée à Blaise Compaoré en 2014, qui voulait réviser la Loi fondamentale pour s’octroyer un 3e mandat. Sur les bords du Kadiogo, les insurgés avaient tranché les 30 et 31 octobre. Sur les rives du fleuve Congo, les choses sont différentes, mais la trame reste : c’est aussi la trajectoire d’un pouvoir à vie qu’a pris Sassou. D’ailleurs pour la petite histoire, en 2015, la France avait donné un feu orange via Hollande qui avait dit à Sassou qu’il pouvait consulter son peuple c’est-à-dire organiser son référendum constitutionnel.

Ni le temps, ni les objurgations des Congolais, à l’image de ce Pool, qui bien qu’apaisée reste miséreux, et malgré le dépôt des armes du pasteur Ntumi, ses ex-Ninjas mangent la vache enragée, et pas seulement eux, rien ne semble arrêter DSN ! Sauf la situation économique du Congo.

L’éponge du pétrole de Pointe-Noire continue à biberonner un Etat asphyxié par une dette insoutenable, et pour laquelle pour le moment le FMI et la Banque mondiale restent sourdes aux appels à l’aide, enjoignant Brazza d’accentuer la lutte contre la corruption d’abord. Il est évident que seule la raison géosécuritaire explique aussi cette longévité de DSN au pouvoir et c’est ce qui met en exergue cette sorte de cécité de la Communauté internationale sur cette démocratie de façade.

Rejetée par l’épiscopat congolais pour fichier «noir», et commission électorale inféodée au pouvoir, non «épiée» par des observateurs suffisants, cette présidentielle de 2021 s’est tenue sur le seul slogan «DSN ou le désordre». Un air du déjà entendu qui fait toujours recette.

Echaudés par la sanglante guerre civile de 1997, les Congolais sont recroquevillés sur leur train-train quotidien et la communauté internationale préfère un Sassou au pouvoir, qu’un Congo, où on va encore sortir les coupe-coupe et fusils.

Mais en même temps, on enferme le pays dans un piège inéluctable. Car malgré la manne de l’or noir qui représente 90% de ses exportations et 60% de son activité économique et les 2/3 de ces recettes budgétaires, comment expliquer que 70% de la population  patauge dans la gadoue de la paupérisation ?  Assurément il y a un problème avec le 3e producteur de pétrole de l’Afrique ! Et comme DSN a été réélu, s’il y a bien une question vitale à laquelle il doit s’attaquer, c’est l’après-pétrole, en commençant à redresser les fondamentaux du Congo. Ensuite, il lui faudra laisser émerger des têtes politiques, du PCT comme de l’opposition, et là on est en plain-pied dans la perspective de l’après-Sassou.

Encore une fois et au risque de nous rejeter, le legs politique économique et social, qu’un président laissera, et entre les mains de qui il le laissera, resteront ce qu’on retiendra de lui. Le reste importe peu. Même Sassou le chef M’Bochi, le sait .

La REDACTION

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