Alors que le palais présidentiel est en train de se parer de ses plus beaux atours pour rendre belle l’investiture de son nouveau ancien locataire, Alassane Ouattara le lundi prochain, son opposition vient de jeter un pavé dans la marre. En effet, le mercredi 9 décembre 2020, la désormais principale figure de proue de l’opposition, Henri Konan Bédié a fait une sortie pour le moins symptomatique de la dissension qui existe entre lui et son ex-allié dont la réélection pour un troisième mandat ne finit pas d’attiser les tensions.
Dans une déclaration aux médias, le président du PDCI-RDA, qui ne se contentait que des coups de menton depuis qu’ils ont décidé de «briser la glace», un certain 11 novembre au détour d’une rencontre au sein du symbolique hôtel du Golf à Abidjan, a durci le ton ce mercredi en contestant à nouveau le troisième mandat du président ivoirien et proposer dans la foulée la mise sur pied d’«un dialogue national pour la recherche de solutions pour une paix durable… qui remplace évidement le CNT (conseil national de transition) que l’opposition ivoirienne avait initialement proposé». Selon les termes de cette déclaration, ce dialogue devra permettre «l’élaboration d’une constitution consensuelle (…) l’organisation des élections, notamment présidentielles, transparentes, crédibles et inclusives».
Faut-il en rire ou en pleurer ? En tout cas, cette sortie, pour le moins tonitruante met sous l’éteignoir le modus vivendi que les deux semblaient trouver en marge de leur tête-à-tête au Golf. Le vernis a fini par craquer. Malgré donc la douce sérénade entonnée par le président Ouattara avec son ex-allié, le 11 novembre dernier, Henri Konan Bédié (HKB) ne semble pas le moins au monde enclin à desserrer l’étau de la contestation autour de ce 3e mandat comme le régime le souhaiterait. Aussi, cet autre «héritier d’Houphouët», devenu donc le principal opposant au régime en place annonce-t-il que désormais «la lutte privilégiera les marches et toutes les autres formes démocratiques de la résistance».
Une nouvelle levée de boucliers en perspective que l’on souhaite voir se limiter au stade d’intimidations d’autant qu’une crise grandeur nature en Eburnie n’est bonne ni pour les Ivoiriens qui semblent d’ailleurs avoir beaucoup appris des récentes années de braise ni pour le reste des pays de la sous-région dont les économies sont pour la plupart à la remorque de la locomotive ivoirienne.
Seulement, arrivera-t-il à troubler les bords de la lagune Ebrié au point d’empêcher Alassane Ouattara de jouir les délices de son troisième mandat ? Pour l’heure, le vainqueur du scrutin du 31 octobre 2020 prête serment le lundi prochain.
Drissa TRAORE
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