La campagne électorale guinéenne, c’est fini ! Les 2 principaux adversaires Alpha et Cellou, croient chacun à la victoire pour ce 18 octobre ou le 24 novembre en cas de second tour. Une certitude qui pourrait être le déclencheur d’une crise.
Conakry capitale de la Guinée a été choisie comme l’ultime lieu de meetings par la majeure partie des 12 prétendants à la présidence de la République. Ainsi en est-il des 2 principaux challengers Alpha Condé le président sortant et le principal opposant Cellou Dalein Diallo.
Condé a donc parcouru la Guinée profonde pour galvaniser les partisans du RPG : Kankan, N’Zérékoré, Mamou, Boké, Labé…Pêche des voix mais pas seulement, car le sanguin Alpha a entendu tout ce qui se disait sur son âge et sa santé ; qu’il serait incapable d’aller sur le terrain, qu’il fera campagne en visioconférence… Rien de tout ça et à 82 ans, le Prof a voulu prouver qu’il est toujours ingambe, bon pied, bon œil et ayant toujours le sens de la répartie, répondant à ceux qui l’ont vite enterré ! La fin de la campagne qui intervient aujourd’hui même aura permis à celui qui veut un 3e mandat de délivrer son message et dire ce qu’il pense de ses adversaires en particulier de Cellou «le premier ministre de Lassana Conté qui aura eu une gestion catastrophique lors de l’exercice de ses fonctions».
Le patron de l’UFDG qui a de nombreux quartiers de Conakry acquis à sa cause, a gavalnisé ses ouailles. La tonalité du discours de Cellou n’a pas varié : Rien, absolument rien ne peut faire qu’Alpha puisse avoir les 18% de suffrages comme lors du 1er tour en 2010 ! Autant dire que l’UFDG n’imagine pas que le président Condé puisse rempiler et c’est peu dire que l’opposant croit que le grand soir c’est pour ce coup-ci. 32 000 délégués de l’UFDG seront déployés dans les bureaux de vote pour les dépouillements et les vérifications… En tout cas hier jusqu’à 22 heures, la capitale Conakry était noire de monde, des militants de l’UFDG. Entré dans Conakry vers 18h 30, Cellou a fait une sorte de tour du «propriétaire» de la ville, question de montrer qu’il y est «très fort». Répétant le même rituel depuis le debut de sa campagne qui consiste à indexer à sa montre avec son doigt pour signifier que son heure est venue, Cellou n’a pas dérogé à ce geste à Conakry hier. Mais la foule est-elle égale à des militants ? Le RPG ne le croit pas.
Ultimes meetings teintés pour la plupart d’invectives, de menaces à peine voilées, et le tout centré sur l’acceptation des résultats des urnes. A partir de ce soir, place à la campagne sous-terraine et nocturne, aux promesses et alliances, aux achats de voix, les convictions étant monnayables ici comme ailleurs en Afrique.
Dans 48 heures, les Guinéens devront départager au-delà de la douzaine de candidats, 2 personnes qui pour la 3e fois se croisent pour disputer l’impérium. Ce dimanche 18 octobre, il y aura ce chuchotement de comice, car toute élection véhicule un message clair ou subliminal et en l’espèce, les électeurs devront opter soit pour la continuité avec Alpha, en lui octroyant ce 3e bail, soit en mandatant Cellou pour conduire leur destin pour les 5 prochaines années.
Il y aura donc un perdant même en cas de second tour prévu pour le 24 novembre prochain …il y aura un mort politique . Qui ? Condé est convaincu que ce ne sera pas lui et l’idée d’une 3e défaite n’effleure pas Cellou !
Richard Sekoné
Envoyé spécial à Conakry
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