*Khaïma = tente
Ce 1er juillet 2024 en Mauritanie, l’instance électorale, la CENI, a proclamé les résultats de la présidentielle du 29 juin dernier. Mohamed Ould Cheick El Ghazouani est déclaré vainqueur avec 56,12% des suffrages suivis du Poulidor mauritanien Biram Dah Abeid, le militant antiesclavagiste avec 22,10% et de Hamadi Ould Sidi El Moctar avec 12,78%.
Un coup KO avec 55,39% de taux de participation, donc pour le président-sortant qui réitère ce qu’il avait fait en 2019, en améliorant même son score, puisqu’il y a 5 ans, il avait obtenu 52%.
Son challenger Dah Abeid conteste cette victoire, arguant que dans 700 bureaux de vote, il y a eu bourrage d’urnes. Il a d’ailleurs invité ses ouailles à manifester pacifiquement contre cette victoire annoncée d’El Ghazouani. Mais, il s’agit plus d’un baroud d’honneur, car ce score reflète bien une réalité électorale perceptible en Mauritanie. La carte électorale, laissait déjà entrevoir que le colonel putschiste, puis absous par les urnes en 2019, était bien favori de cette élection.
Remake de la présidentielle d’il y a 5 ans, le sortant avait à son bilan, entre autres la mise en place de la caisse pour la couverture sanitaire, avec 1 800 000 assurés, et la gratuité de l’assurance maladie pour 100 000 familles. Militaire, il a attaché du prix à cette paix depuis 2011, dans une sous-région malmenée par le terrorisme.
Les Mauritaniens ont choisi donc la continuité avec El Ghazouani, et ce n’est pas rien. Ils ont opté pour cette démocratie sous la «Khaïma», cette tente traditionnelle en Mauritanie, où jadis étaient lâchés les ragots, les rumeurs et où étaient ourdis aussi les coups d’Etat. Une démocratie qui s’installe en douceur, avec cette seconde alternance civile, après une succession de putschs, et d’instabilité politique.
Une seconde alternance qui a même été chahutée avec la guerre feutrée, souvent frontale entre les 2 cousins et ex-maîtres de Mauritanie, El Ghazouani et son alter égo, Mohamed El Abdoul Aziz, généraux, alliés et devenus ennemis. Le second est même dans l’œil de la justice et a été recalé par les grands juges pour cette présidentielle.
Contextualisée, cette démocratie de la «Khaïma» est à saluer, car si le retour des prétoriens est une réalité, la démocratie demeure aussi une donne tangible dans la sous-région après hier le Sénégal et aujourd’hui, la Mauritanie.
Il reste au réélu de résoudre les préssants problèmes de ses compatriotes, car les 4,9 millions de Mauritaniens croulent dans de multiples difficultés, et il faudra bien que les retombées de la pêche, du gaz et du tourisme, puissent produire davantage des fruits de la croissance qui profiteront à tous ses compatriotes.
La REDACTION
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