El Hadj Boubacar Yugo, président de la FAIB : «La réouverture des mosquées dans ce mois de Ramadan est notre souhait le plus ardent»

El Hadj Boubacar Yugo, président de la FAIB : «La réouverture des mosquées dans ce mois de Ramadan est notre souhait le plus ardent»

Le mois de Ramadan constitue l’un des moments les plus prisés par tout musulman. Un mois béni durant lequel nous obtenons tout ce que nous demandons à Allah. Malheureusement pour cette année, il intervient dans un contexte particulier lié à la pandémie du Covid-19 avec son corollaire. En prélude donc au jeûne, nous avons tendu notre micro au président de la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB), hier jeudi 23 avril 2020. Avec ce dernier, il a été question du Covid-19, de la fermeture des mosquées, des démarches faites auprès des autorités en vue leur réouverture…

 

Comment se porte la FAIB ?

La Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB) se porte bien moyennant les moyens que nous avons pour l’animer. Nous avons plus de 276 associations fédérées avec un potentiel de 7 à 8 millions d’adhérents. C’est l’un des plus grands regroupements humains que nous avons dans le pays.

Dans un communiqué daté du 19 mars, vous annonciez la suspension des prières et  regroupements socioculturels musulmans en vue de prévenir la propagation du Covid-19. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?

Pour cette décision, nous avons été approchés par le gouvernement notamment la ministre de la Santé qui a rencontré les leaders religieux et coutumiers chez le Mogho Naaba, où elle avait expliqué la dangerosité et  l’extrême contagion du Covid-19. Elle avait de ce fait demandé à chaque communauté de prendre conscience du mal et d’adopter des mesures-barrières pour contrer cette maladie. Malgré que l’Etat est régalien, en droit de fermer tout endroit y compris les lieux de culte, le gouvernement s’est référé à toutes les organisations religieuses et coutumières afin qu’elles s’organisent en leur sein. Pour cela, nous en tant que faîtière des musulmans,  nous nous sommes réunis avec les Oulémas qui constituent un organe religieux consultatif du présidium pour leur demander de voir au niveau religieux  ce qui peut être fait. Ainsi, les Oulémas ont trouvé nécessaire au regard des textes coraniques et hadiths du prophète que c’était possible de fermer les mosquées. C’est pour cela que nous l’avons fait temporairement pour deux semaines pour voir l’évolution de la pandémie. Mais vu que le nombre de personnes contaminées augmentait chaque jour, nous avons prolongé la mesure de suspension le 2 avril dernier. C’est une décision motivée par des textes et des hadiths. Nous n’avons pas agi de notre propre gré. Même l’Arabie Saoudite, bien avant nous, a fermé les lieux saints de la mosquée de La Mecque qui est l’endroit dont se réfère tout musulman pour prier.

Ces  mesures restrictives sont-elles respectées à ce jour par les fidèles ?

Je peux dire que la mesure est respectée à 80%. A ma connaissance, toutes les grandes mosquées sont fermées. Cependant, il y a quelques petites mosquées dans les zones non loties qui échappent au contrôle mais qui n’ont pas beaucoup de fidèles qui y prient. Concernant les cérémonies telles que les baptêmes et funérailles, nous remarquons que les gens respectent les mesures-barrières (port du masque, éviter de se saluer) même si ce n’est pas à 100%.

  

Hormis les mesures préventives, la FAIB a-t-elle mené des activités de sensibilisation  contre la pandémie du coronavirus ?

Avec le confinement il était difficile d’organiser ces genres d’activités parce que le bureau fédéral n’arrivait pas à se réunir normalement. D’habitude pour nos activités, on se retrouvait dans les mosquées, mais comme elles  sont fermées il devient un peu compliqué de nous réunir.

Y a- t-il eu des démarches auprès des autorités pour la réouverture des lieux de culte ?

Nous avons été conviés à une rencontre lez dimanche dernier avec le ministre en charge de l’Administration territoriale qui voyait qu’avec la réouverture du grand marché, une certaine pression pourrait être exercée par la base sur les leaders religieux pour demander la réouverture des lieux de culte. Il s’est dit favorable à la réouverture des lieux de culte à condition que chaque faîtière fasse des propositions sur comment elle comptait gérer la situation. Chose que nous avons fait le lendemain lundi au siège de la FAIB et une correspondance a même été adressée au ministre tendant à montrer notre engagement à faire respecter les mesures-barrières dans nos mosquées. Il en est de même pour les catholiques et les protestants. Nous attendons maintenant la réaction de l’autorité. Nous souhaitons que le retour se fasse aujourd’hui ou demain avec le début du carême musulman.

Peut-on espérer la réouverture des mosquées d’ici là ?

C’est notre souhait le plus ardent. Vous n’êtes pas sans ignorer que le mois de Ramadan est l’un des moments les plus prisés par tout musulman. C’est un mois béni où nous obtenons tout ce que  nous demandons à Allah. Et en tant que premier responsable de la faîtière nous sommes intentionné sur la question. Avec les propositions adressées à qui de droit nous espérons que ça puisse se réaliser dans la première semaine du mois de Ramadan voire même le 1er jour.

Un message à l’endroit des fidèles musulmans en ce début du mois de Ramadan ?

Aux fidèles musulmans, je leur demande de se pardonner car le Seigneur nous a enseigné le pardon avant le début du mois de carême. A ceux qui s’attaquent aux leaders religieux sur les réseaux sociaux je les invite à s’abstenir parce que ce sont des péchés. J’appelle également les musulmans à attendre que l’autorité nous autorise à rouvrir les mosquées avant de le faire et d’éviter de commettre des actes qui pourront nous faire regretter. Il est bien dit dans le Saint coran d’adorer Allah et son prophète et d’obéir à nos autorités qu’elles soient religieuse, politique ou administrative.

Interview réalisée par Boureima SAWADOGO

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