Election présidentielle : Vendredi conflictogène  au Zimbabwe

Election présidentielle : Vendredi conflictogène  au Zimbabwe

Aujourd’hui quelle sera l’atmosphère au Zimbabwe ? acalmie ou poudrière ?

Car parlant de poudrière, elle est déjà en feu au Zimbabwe. Par une incompréhensible fébrilité du pouvoir, au moins 6 citoyens ont perdu la vie lors d’une manifestation pourtant paisible, lancée par des opposants qui contestent les tendances de la présidentielle.

A vrai dire, dans cette cacophonie, aucune des parties n’a foncièrement raison. Le Président Emmerson Mnangagwa n’avait nullement besoin de bander des muscles contre une manifestation qui ne semblait pas forcément être sur les bords du débordement. Qu’est-ce qui explique donc cette débauche de violence qui a fini par faire couler du sang sur un processus électoral comme voulait immaculé et le point de départ d’un nouveau Zimbabwe ? A moins que ce ne soit un message clair pour indiquer aux opposants que le parti au pouvoir, la Zanu-PF, n’était pas prêt à perdre ces élections ? Si c’est le cas, c’est un grand dommage pour Emmerson qui apparaît finalement pas mieux que celui qu’il a contraint à quitter le pouvoir, Robert Mugabe. Un Emmerson, qui sans doute pour essayer de montrer qu’il a changé, a instruit une commission de faire la lumière sur les bastonnades barbares, et les tueries  perpetrés par des militaires, qui passent en boucle sur les télé, et les réseaux sociaux. Mais pourra-t-il convaincre, lui qui a été le boucher du Matabeland, et  le bras séculier des violences postélectorales de 2008 ?

L’opposition avait-elle aussi besoin de faire dans la provocation en autoproclamant son candidat vainqueur avant la proclamation officielle des résultats ? «Laissez-les publier leurs résultats, nous publierons les nôtres», a laissé entendre Nelson Chamisa le leader du MDC. Ecart langagier d’un jeune leader ? Etait-ce calculé dans le but de créer une crise qui conduirait le Zimbabwe à prendre le chemin trop emprunté des pays dirigés par deux présidents comme le Gabon de Jean-Ping et Ali Bongo ou la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara ? Ce serait une tactique très malheureuse qui ne reflète pas l’idée du changement qui a été mise en exergue lorsque Mugabe a été prié de libérer le fauteuil présidentiel. Le changement voulu par les Zimbabwéens, ne concerne pas seulement le pouvoir, mais aussi pour l’opposition, un changement de comportement de tous pour faire boule de neige.

Tout compte fait, les années passent, mais rien ne change fondamentalement en Afrique. Les élections se projettent devant les yeux des Africains comme de vieux films vus et revus et aux scénarii très prévisibles et éculés. Aucun processus électoral n’est parfait dans le système démocratique. Mais il faudrait que les hommes et femmes politiques africains apprennent à faire la politique et à conquérir le pouvoir sans entraîner leur pays dans une crise estropiante et leurs compatriotes dans des bains de sang dont ils auraient pu volontiers se passer. Gageons que la sagesse inonde les cœurs des Maliens et des Zimbabwéens afin que  les germes de conflit et d’incendie sombrent dans la rivière de l’entente. Sinon la question-marronnier reviendra toujours : A quoi servent les élections en Afrique ? .

Ahmed BAMBARA

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